AFRIQUE DU SUD: 1.500 RESSORTISSANTS SUBSAHARIENS ONT FUI LEUR FOYER APRES LES VIOLENCES (ONU)

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L’agence onusienne appelle l’Etat à prendre toutes les mesures possibles pour garantir la sécurité et le bien-être des personnes. Des dialogues communautaires sont en cours d’établissement avec les communautés d’accueil pour renforcer la cohésion sociale

Environ 1.500 ressortissants subsahariens ont dû quitter leur foyer pour fuir les violences xénophobes qui ont frappé l’Afrique du Sud au début du mois, a indiqué vendredi l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

« Au moins 1.500 ressortissants étrangers, principalement des migrants mais aussi des réfugiés et des demandeurs d’asile, ont été contraints de fuir leur foyer en raison des violences », a déclaré lors d’un point presse à Genève, Charlie Yaxley, porte-parole du HCR.

L’Afrique du Sud a été touchée début septembre par une vague de violences xénophobes. Et selon le HCR, au moins douze personnes, dont des ressortissants étrangers et des Sud-Africains, auraient été tuées depuis le début des récentes violences. « Le HCR est profondément préoccupé par la violence récurrente contre les ressortissants étrangers, y compris les réfugiés et les demandeurs d’asile, en Afrique du Sud, la dernière vague ayant eu lieu à Katlehong près de Johannesburg dans la province de Gauteng », a ajouté M. Yaxley.

Plusieurs ressortissants africains souhaitent rentrer chez eux

Près de 800 ressortissants africains pour la plupart originaires du Mozambique, du Malawi et du Zimbabwe, ont cherché refuge dans les salles communautaires dans le township de Katlehong. Des rapports indiquent que 73 Malawiens, 138 Mozambicains, 314 Nigérians et 72 Zimbabwéens ont déjà décidé de rentrer chez eux. « Beaucoup souhaitent rentrer chez eux, disant qu’ils ne se sentent plus en sécurité en Afrique du Sud », a dit le porte-parole du HCR.

Au cours des dernières semaines, le personnel du HCR indique avoir reçu un nombre croissant d’appels sur ses lignes téléphoniques d’urgence, les gens signalant que leurs maisons et entreprises sont pillées, que des immeubles sont incendiés, que les gangs multiplient leurs activités dans les rues et que les incidents de violence sexuelle ont augmenté. « De nombreux réfugiés ont maintenant trop peur d’aller travailler ou d’exercer leurs activités commerciales quotidiennes, alors même qu’ils n’ont pas d’autres sources de revenus », a souligné M. Yaxley.

Plus largement, les réfugiés et les demandeurs d’asile se sentent particulièrement vulnérables, car leur situation est souvent aggravée par le manque de documents, ce qui les empêche d’accéder aux soins de santé, à l’éducation et autres services publics.

L’agence onusienne appelle l’Etat à prendre toutes les mesures possibles pour garantir la sécurité et le bien-être des personnes. « Aucun effort ne doit être épargné pour réprimer la violence et faire respecter l’Etat de droit. Les auteurs d’actes criminels doivent répondre de leurs actes devant les tribunaux », a insisté le HCR.

Pour la mise en œuvre rapide du Plan d’action de lutte contre le racisme et la xénophobie

Le HCR va d’ailleurs envoyer une assistance juridique, psychosociale et matérielle supplémentaire, avec articles de secours et abris d’urgence. Des experts en matière de protection de l’enfance et des violences sexuelles arriveront dans les prochains jours.

« Des dialogues communautaires sont en cours d’établissement avec les communautés d’accueil pour renforcer la cohésion sociale », a relevé M. Yaxley, rappelant que le HCR renforce sa présence sur place en coordination avec le gouvernement d’Afrique du Sud et d’autres agences de l’ONU.

Par ailleurs, le HCR rappelle que le Plan d’action national de lutte contre le racisme, la discrimination, la xénophobie et l’intolérance, récemment adopté par l’Afrique du Sud, doit être maintenant mis en œuvre et doté rapidement de ressources suffisantes pour éviter de nouveaux dommages et des destructions supplémentaires.

« Ceux qui ont voix au chapitre dans l’espace public ont la responsabilité de veiller à ce que leur langue n’enflamme pas davantage la situation et à ce que les étrangers ne deviennent pas des boucs émissaires face à des défis socio-économiques complexes », a insisté l’agence onusienne basée à Genève.

Christophe G. DJOSSOU

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