AFFAIRE DU FINANCEMENT LIBYEN : ZIAD TAKIEDDINE ARRÊTÉ À BEYROUTH.
Selon la presse française, c’est mardi, alors qu’il était face à la justice libanaise pour une autre affaire locale, que les autorités se sont aperçues qu’il était visé par une fiche d’Interpol et ont donc procédé à son arrestation
L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine a été arrêté à Beyrouth en vertu d’une fiche émise par Interpol dans le cadre de l’affaire du financement libyen présumé de Nicolas Sarkozy, ont rapporté vendredi les médias français.
Il avait par ailleurs été condamné en juin dernier à cinq ans de prison pour avoir perçu des commissions dans l’affaire Karachi, mais avait pris la fuite vers le Liban pour échapper à son incarcération.
« Les forces nationales de sécurité ont placé Takieddine en détention, sur la base d’un mandat d’arrêt d’Interpol adressé au ministère public car il est recherché par les autorités françaises concernant son implication dans une affaire de corruption et de financement de la campagne » a fait savoir une source judiciaire citée par France 24.
Selon la presse française, c’est mardi, alors qu’il était face à la justice libanaise pour une autre affaire locale, que les autorités se sont aperçues qu’il était visé par une fiche d’Interpol et ont donc procédé à son arrestation. Ziad Takieddine est en effet recherché en France pour des faits de corruption dans l’affaire du financement libyen de Nicolas Sarkozy. Son arrestation intervient moins d’un mois après son volte-face dans ce tentaculaire dossier.
Alors qu’il affirmait jusqu’alors, avoir servi d’intermédiaire dans cette affaire, Takieddine est revenu sur cette version en dédouanant Sarkozy, dans une vidéo.
« Monsieur Sarkozy n’a pas eu un financement libyen pour la campagne présidentielle » a-t-il assuré. Ziad Takieddine accuse désormais « le juge » d’avoir « voulu tourner ça à sa manière » en le faisant « dire des propos qui sont totalement contraires aux propos » qu’il tenait durant ses auditions.
« Il n’y a pas eu de financement de campagne présidentielle par Monsieur Sarkozy. Jamais » a lancé Ziad Takieddine dans sa vidéo tournée depuis Beyrouth. Pour rappel, l’ex ministre de l’intérieur Claude Guéant et Nicolas Sarkozy sont soupçonnés par la justice française d’avoir reçu plusieurs valises d’argent provenant du régime libyen en 2006 et 2007 et qui auraient permis entre autres, à financer la campagne présidentielle de 2007.
L’enquête, ouverte en 2013 par les juges d’instructions du parquet financier de Paris, est menée par les magistrats Serge Tournaire et Aude Buresi. L’homme d’affaire Alexandre Djourhi est de son côté soupçonné d’avoir joué les intermédiaires.
Malgré les dénégations de l’entourage de Nicolas Sarkozy, le 22 mai 2018, la chaîne France 2 avait diffusé une interview exclusive de Moftah Missouri, ancien conseiller et interprète du colonel Kadhafi dans laquelle il a déclaré que l’ex président libyen « a aidé Sarkozy » en lui fournissant « de l’argent » pour le financement de sa campagne électorale de 2007.
Son témoignage a ensuite été corroboré dans le même reportage par celui de l’ancien directeur de cabinet du colonel Kadhafi, Béchir Saleh. Filmé en caméra cachée, l’homme a admis que « Kadhafi avait un budget spécial pour les personnes qu’il souhaite soutenir » et affirmé « oui c’est vrai » concernant les accusations de financement libyen de la campagne présidentielles de Nicolas Sarkozy.
L’affaire a été révélée suite à la publication par Mediapart en avril 2012, de documents indiquant que 50 millions d’euros auraient été versés par le régime libyen à Nicolas Sarkozy.