BURKINA FASO/ELECTIONS : L’OPPOSITION ENVISAGE DE REJETER LES RÉSULTATS. – LA COMMISSION ÉLECTORALE NATIONALE INDÉPENDANTE (CENI) A SUSPENDU LA PUBLICATION DES RÉSULTATS PROVISOIRES
Les candidats de l’opposition du Burkina Faso, signataires d’un accord politique avant le double scrutin de dimanche dernier, ont annoncé lundi soir, qu’ils envisageaient de rejeter les résultats des élections.
« Les signataires de l’Accord politique de l’opposition n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularité et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabé », lit-on dans une déclaration commune rendue publique par Tahirou Barry, candidat et membre de la plateforme qui regroupe une dizaine de candidats.
Peu après la déclaration, la Ceni qui avait débuté la publication des résultats provisoires dans la journée, a suspendu ses travaux. « Les travaux de la plénière des Commissaires de ce jour (lundi) sont suspendus. Ils reprendront demain à une heure qui vous sera précisée », a écrit le service de communication de la CENI dans un message envoyé à la presse.
L’Opposition, indique que la CENI « a failli dans l’organisation administrative et pratique » des élections du 22 novembre 2020 et pointe du doigt « la modification, à la dernière minute, et de manière informelle » du nombre et de la cartographie des bureaux de vote retenus pour les élections.
A cela s’ajoute, selon elle, « l’ouverture tardive et même la non-ouverture de plusieurs dizaines de bureaux sur l’ensemble du territoire national, des erreurs d’adresse dans l’acheminement des bulletins et du matériel de vote et le transport non sécurisé d’urnes sur les motos, ce qui peut être une source de fraude dans le processus de compilation », a indiqué Tahirou Barry, porte-parole de la plateforme.
Le caractère « massif » de ces irrégularités et insuffisances interpelle tous les acteurs habitués à un processus électoral mieux élaboré, a ajouté Barry, précisant que la CENI « n’a pas été à la hauteur de la mission de bonne organisation des élections qui est à sa charge ». Pour l’opposition, cette « mauvaise organisation pénalise les candidats de l’opposition, le pouvoir ayant toujours la possibilité de se réajuster par rapport à la situation » et « jette un discrédit sur les résultats des scrutins dont la Ceni a commencé l’annonce ».
Le camp du président sortant Roch Marc Christian Kaboré n’a pas réagi à cette deuxième sortie de l’opposition lundi jusqu’à 21 heures (TU). Dans la foulée, la mission d’observation électorale du Conseil de l’Entente a annoncé une conférence de presse mardi à Ouagadougou.
Au total, 6.490.144 électeurs, étaient appelés aux urnes, au Burkina Faso et à l’étranger, dont 23.108 électeurs de la diaspora dans 22 pays à travers le monde.
Treize candidats, dont le président sortant Roch Marc Christian Kaboré, sont en lice pour la présidentielle, alors que 96 partis, 5 formations politiques et 25 regroupements d’indépendants, soit un total de 10.652 candidats se disputeront les 127 sièges du Parlement.
Dans l’ensemble le scrutin s’est déroulé dans le calme, mais, sur les 21.000 bureaux de vote, 1.300 n’ont pas pu ouvrir à l’intérieur du pays à cause des attaques terroristes, privant entre 300.000 à 350.000 burkinabè de leur droit de vote, selon Newton Ahmed Barry, président de la Ceni.
Le taux de participation provisoire de ces élections oscille entre 38 et 40%, selon la mission d’observation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui avait indiqué qu’elle était « globalement satisfaite » du déroulement du scrutin.