COUP D’ÉTAT DÉJOUÉ AU BÉNIN : LE GROUPE NSIA BANQUE DÉMENT TOUTE IMPLICATION DANS UN SCANDALE FINANCIER

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COUP D’ÉTAT DÉJOUÉ AU BÉNIN : LE GROUPE NSIA BANQUE DÉMENT TOUTE IMPLICATION DANS UN SCANDALE FINANCIER

Le Bénin, souvent cité en exemple pour sa stabilité politique, se retrouve aujourd’hui secoué par une affaire qui risque de bouleverser son équilibre. Le 25 Septembre 2024, le procureur spécial près la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), M. Mario Metonou, a annoncé l’arrestation de deux figures majeures de la scène politique et économique du pays : Olivier Boko, homme d’affaires et proche du président, et Oswald Homeky, ex-ministre des Sports. Ces arrestations interviennent dans le cadre d’une tentative de coup d’État, orchestrée avec la complicité présumée du commandant de la Garde républicaine.

Selon les informations fournies par M. Metonou lors d’une conférence de presse, le projet de renversement du régime aurait été conçu au début du mois d’Août 2024. Les deux suspects auraient approché le commandant de la Garde républicaine, une unité cruciale chargée de la protection du chef de l’État, pour le convaincre de se joindre à eux. Les négociations auraient pris une tournure financière, les conspirateurs tentant d’acheter la loyauté du commandant.

Le procureur a révélé que le 6 Août 2024, un compte bancaire aurait été ouvert à la NSIA Banque Côte d’Ivoire, avec un dépôt initial de 105 millions de francs CFA destiné à inciter le commandant à rejoindre la conspiration. Cependant, il semblerait que ce dernier n’était toujours pas convaincu. Pour sceller son engagement, un autre paiement, cette fois en espèces, de 1,5 milliard de francs CFA aurait été envisagé. C’est lors de la remise de cette somme, au domicile d’Oswald Homeky, que les forces de sécurité sont intervenues, procédant à l’arrestation des deux personnalités et du commandant.

Suite à ces révélations, la banque NSIA, citée dans l’affaire, a rapidement réagi par un communiqué officiel publié le 26 Septembre 2024. Le groupe NSIA, à travers son président Jean Kacou Diagou, a tenu à clarifier qu’aucun compte n’a été ouvert au nom ou pour le compte du commandant de la Garde républicaine dans leurs livres. Ils ont toutefois précisé que le concerné était plutôt titulaire d’un contrat d’assurance “NSIA Prestige” souscrit auprès de NSIA Vie Assurances en Côte d’Ivoire, avec des versements à hauteur de 55 millions de francs CFA, bien loin des montants évoqués par les autorités béninoises.

La banque a également annoncé avoir décidé de transmettre tous les documents pertinents au procureur spécial, dans un souci de transparence et de contribution à la manifestation de la vérité.

Cette affaire vient jeter une ombre sur la scène politique béninoise, à un moment où le pays est à un tournant crucial de son histoire. Le Bénin, longtemps vu comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, se retrouve aujourd’hui avec des institutions secouées par des soupçons de complot à haut niveau. Le rôle du commandant de la Garde républicaine, unité clé dans la protection du pouvoir en place, soulève des inquiétudes sur la loyauté des forces de défense et de sécurité. De plus, l’implication présumée d’une figure aussi influente qu’Olivier Boko, considéré comme l’un des proches du chef de l’État, rend cette situation encore plus complexe.

Le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, a appelé au calme et à la confiance dans les institutions judiciaires. « Je voudrais que nous fassions tous confiance à la justice de notre pays pour nous éclairer et, le cas échéant, pour connaître d’un procès », a-t-il déclaré.

Alors que l’enquête se poursuit pour identifier d’éventuels autres complices, la question reste de savoir si cette tentative de coup d’État n’est qu’un incident isolé ou si elle révèle des tensions plus profondes au sein de l’appareil d’État. Les prochaines semaines seront cruciales pour déterminer l’ampleur réelle de cette conspiration et pour assurer que la justice fasse son travail en toute transparence.

Cette affaire pourrait également avoir des répercussions importantes sur la perception du Bénin à l’international, alors que le pays cherche à maintenir son image de havre de paix dans une région souvent marquée par des conflits et des instabilités politiques.

Le peuple béninois et les observateurs internationaux attendent désormais la suite des événements, dans un climat d’incertitude mêlée de vigilance.

Cette tentative avortée de coup d’État met en lumière les fragilités qui peuvent exister même dans les démocraties les plus stables. Si le complot n’a pas abouti, il rappelle que la vigilance reste de mise, tant pour les citoyens que pour les institutions de la République. Le Bénin, qui a su résister aux vents de la déstabilisation, se trouve à un moment décisif de son histoire, où chaque geste, chaque décision comptera pour la pérennité de sa démocratie.
Anaïs Zountehakpon

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