DÉCÈS DE L’ANCIEN PREMIER MINISTRE TOGOLAIS, ME YAOVI AGBOYIBO.
Le Togo perd un second ancien Premier Ministre en moins de deux mois. Après le décès le 11 avril dernier de l’ancien premier ministre Edem Kodjo, c’est le président du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) Me Agboyibo qui a rendu l’âme ce 30 mai 2020 en France.
Agé de 76 ans, Me Yaovi Madji Agboyibo était un avocat et homme politique Togolais. Il fut premier ministre du Togo 20 septembre 2006 au 6 décembre 2007 à la suite de l’Accord Politique Global (APG) signé entre les acteurs de la scène politique en 2006 à Ouagadougou.
Ancien candidat aux élections présidentielles, notamment celle de 2010, le bélier noir était un farouche opposant au régime du Feu Gnassingbé Eyadema.
Nos condoléances à la famille éplorée et au peuple Togolais.
QUI EST YAOVI AGBOYIBO
Yawovi Agboyibo ou Yaovi Agboyibor est un homme politique togolais, premier ministre du 20 septembre 2006 au 6 décembre 2007 et fondateur du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR).
Yawovi Agboyibo est né le 31 décembre 1943 à Kouvé dans la préfecture de Yoto1. Il est fils de Soklou Agboyibo et Dohofia.
Avocat de formation et militant des droits de l’homme, il est considéré comme un opposant modéré à la dictature de Gnassingbé Eyadema. Agboyibo est à l’origine de la création de la Commission nationale des droits de l’homme, fondée en 1987 et dont il est le premier président (1987-1990)1. On lui attribue un rôle important dans le processus de démocratisation du Togo.
Il est le fondateur du Comité d’action pour le renouveau (CAR) en 1991 et dirige le parti de 1991 à 20082.
En 1991, il obtient une amnistie générale des opposants exilés ainsi qu’une charte introduisant le multipartisme1. En 1993, pour protester contre l’invalidation de la candidature de l’opposant radical Gilchrist Olympio à l’élection présidentielle, Agboyibo et le CAR décident de boycotter le scrutin. Gnassingbé Eyadema est facilement réélu. En 1994, le CAR obtient 36 sièges sur 81 au Parlement. Le poste de premier ministre revient cependant à Edem Kodjo dont le parti a obtenu 7 sièges, qui renverse son alliance avec le CAR en faveur du Rassemblement du peuple togolais (RPT, l’ancien parti unique qui a obtenu 35 sièges), ce qui lui permet de former une nouvelle majorité.
Eyadéma est réélu président en 1998 lors d’une élection dont le dépouillement est très contesté (le principal candidat de l’opposition Gilchrist Olympio (UFC) était donné vainqueur lors des décomptes partiels). Agboyibo, candidat du CAR lors de cette élection obtient 9,5 % des voix. Pour résoudre cette nouvelle crise politique, l’opposition, dont Agboyibo, et le parti au pouvoir signent en juillet 1999 l’Accord-cadre de Lomé.
Le 3 août 2001, Agboyibo est emprisonné en raison d’une plainte en diffamation du premier ministre Kodjo Agbéyomé. Le processus de dialogue politique entre l’opposition et le pouvoir est alors interrompu. La cour d’appel de Lomé annule les poursuites contre Agboyibo et ordonne sa libération en janvier 2002 mais celle-ci n’intervient effectivement qu’en mars.
En 2003, Aybogoyibo est de nouveau candidat à l’élection présidentielle et obtient 5,1 % des voix, loin derrière Eyadéma et Emmanuel Bob Akitani, le candidat de l’opposition radicale (UFC).En septembre 2006, Agboyibo succède à Edem Kodjo au poste de premier ministre. En 2008, Agboyibo quitte la présidence du CAR et laisse la place à Dodji Apevon. Agboyibo devient président d’honneur du parti6.
Agboyibo est encore candidat à l’élection présidentielle de 2010 mais arrive loin en troisième position avec 2,96 % des voix derrière Faure Eyadéma, fils du dictateur précédent, et Jean-Pierre Fabre, le candidat de l’opposition radicale.
Le CAR connait une crise en 2016 laquelle aboutit au départ d’une partie de sa direction (la moitié des cadres), menée par Apevon, qui fonde un nouveau parti, les Forces démocratiques pour la République (FDR). Agboyibo redevient président du CAR en janvier 2017.
Il décède en France, le 30 mai 2020 à l’âge de 76 ans des suites d’une courte maladie.