DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE: LES CINQ CHIFFRES IMPORTANTS DU DERNIER RAPPORT DU GIEC.
Le projet de rapport des experts climat de l’ONU, qui font autorité en la matière, tire la sonnette d’alarme. Même avec un réchauffement global limité à 2 °C, les conséquences seront cataclysmiques. Les chiffres qu’ils avancent sont très inquiétants.
Dans quel monde vivront nos enfants et petits-enfants ? Un monde totalement différent du nôtre, si l’on en croit les experts du Giec. Dans un projet de rapport, qui ne sera finalisé qu’en février 2022, ceux-ci évoquent les conséquences cataclysmiques du dérèglement climatique d’ici à 2050, et qui, même si le réchauffement global était limité, pourraient affecter 2,5 milliards d’êtres humains dans le monde.
Phénomènes climatiques extrêmes, montée des eaux, baisse de la production alimentaire… Les chiffres avancés dans le document, auquel l’AFP a pu avoir accès , sont particulièrement inquiétants. Derrière ces projections, on trouve souvent des changements déjà à l’oeuvre, parfois dans des proportions déjà préoccupantes.
· + 1,5 °C
Le chiffre central de ce rapport est celui du réchauffement global par rapport à la période préindustrielle (1850-1900). Le Giec se base sur deux hypothèses : +2 °C est le plafond fixé par l’Accord de Paris sur le climat, mais +1,5 °C est l’objectif affiché par les pays qui ont signé l’Accord de Paris en 2015 . La hausse moyenne constatée est, pour l’heure, de +1,1 °C.
En 2020, la température moyenne mondiale en 2020 a été supérieure d’environ 1,2 °C à sa valeur préindustrielle. Fin mai, l’Organisation météorologique internationale a prévenu qu’il serait probable à 40 % que la température mondiale annuelle moyenne sera temporairement supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles pendant au moins l’une des cinq prochaines années.
· + 13 mètres
Le Giec estime en outre qu’avec un réchauffement supérieur à 2 °C, la fonte des calottes glaciaires du Groënland et de l’Antarctique de l’Ouest pourrait constituer un point de non-retour. Or, à elles seules, elles contiennent assez d’eau pour provoquer une hausse du niveau de la mer de 13 mètres.
Dans un précédent rapport, le Giec estimait à 1,1 mètre la montée du niveau de la mer d’ici à la fin du XXIe siècle, puisque la fonte totale de ces glaciers paraît peu probable. Mais d’autres institutions sont plus alarmistes. Selon des chercheurs de la National Oceanic and Atmospheric Administration, cette hausse serait plutôt de 2,5 mètres. Des chercheurs australiens annoncent même une montée des eaux de 3 mètres d’ici à 2100.
Climat : la submersion des côtes connaît une croissance exponentielle
Selon l’Académie américaine des sciences, 13 des 20 mégalopoles les plus menacées se situent en Asie , parmi lesquelles Bangkok, Osaka ou encore Hô Chi Minh-Ville. Sur d’autres continents, New York, Miami, Calcutta, Alexandrie, Abidjan, Lagos, Rio de Janeiro sont également très vulnérables. En France, 864 communes et 165.000 bâtiments seraient menacés par l’impact du réchauffement climatique sur les océans, selon le ministère de la Transition écologique.
· – 4 à 10 %
Par ailleurs, le rapport du Giec pointe une baisse de 4 à 10 % de la production des principales cultures depuis dix ans. En conséquence, à ce rythme, ce sont près de 80 millions de personnes supplémentaires qui pourraient souffrir de la faim d’ici à 2050 avec un réchauffement global de +2 °C.
Selon une étude publiée dans la revue scientifique « Nature Climate Change » et menée par des chercheurs de l’université de Cornell (Etats-Unis), la productivité agricole a baissé de plus d’un cinquième en cinquante ans du fait du dérèglement climatique. En Afrique et en Amérique latine, cette baisse serait même d’un quart, voire d’un tiers, selon le modèle économétrique utilisé.
Selon la dernière édition de l’Etat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, publiée en juillet 2020 par l’Unicef, près de 690 millions de personnes ont souffert de la faim en 2019. Un chiffre en augmentation de 10 millions par rapport à 2018, et de près de 60 millions en cinq ans. Après une baisse de plusieurs décennies, ce chiffre est en hausse constante depuis 2014.
· 130 millions
Avec un réchauffement global de +2 °C, 130 millions de personnes pourraient tomber dans la pauvreté extrême d’ici à 2030, selon le Giec. Selon la définition de l’ONU, est extrêmement pauvre toute personne vivant avec moins de 1,90 dollar par jour – un peu moins de 1,60 euro au taux de change actuel.
Selon les dernières données de l’ONU, l’extrême pauvreté est en baisse depuis trente ans, même si la crise du Covid a été responsable d’une hausse cette année . L’organisation internationale estimait que plus de 730 millions de personnes étaient dans un état d’extrême pauvreté en 2015. Un nombre en baisse de 70 millions par rapport à 2013.
Extrême pauvreté : la nouvelle stratégie de la Banque mondiale
D’ici à 2030, l’objectif de l’ONU est d’éliminer complètement l’extrême pauvreté dans le monde entier. Une hausse de 130 millions du nombre de pauvres dans le monde en raison du dérèglement climatique pourrait rendre plus difficile la réalisation de cet objectif.
· 400 millions
Les épisodes caniculaires vont également se multiplier et ce, d’autant plus que le réchauffement global sera important. Selon le Giec, 400 millions de personnes seront confrontées à des pénuries d’eau avec un réchauffement limité à +2 °C. Et 420 millions de personnes de plus seront menacées par des canicules extrêmes.
Pour l’OCDE, une personne sur deux sera confrontée au manque d’eau en 2030. Selon le World Ressource Institute (WRI), 17 pays étaient dans une situation de stress hydrique « extrêmement élevé » en prélevant plus de 80 % de leurs ressources disponibles en eau. Pour toutes ces raisons, la Banque mondiale a estimé à plus de 140 millions le nombre de réfugiés climatiques dans les trente prochaines années.