DESTINATION BÉNIN: BOHICON, L’HISTOIRE DU MARCHÉ AUX MOUTONS DEVENU QUATRIÈME PÔLE ÉCONOMIQUE DU BÉNIN.

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Située à 130 km de Cotonou, la Commune de Bohicon, dans le sud-ouest du département du Zou, a la particularité d’être une ville récente. Elle a d’abord été arrondissement d’Allahé rattaché à l’ancienne sous-préfecture d’Abomey, avant d’être baptisée plus tard sous-préfecture de Bohicon en 1973, puis district urbain de Bohicon avec la réforme administrative de 1974.

Elle devient Commune de Bohicon à la faveur de la décentralisation au Bénin en 2003, avec l’élection de son premier Maire, feu  Paulin Tomanaga dont le stade municipal de la ville porte le nom. Par la suite, la Commune de Bohicon qui s’étend sur une superficie 139 km2  fut dirigée de 2008 à 2020 par Luc Sètondji Atrokpo. Aujourd’hui, cette ville dirigée par Maître Rufino d’Almeida à l’issue des élections communales et municipales du 17 mai 2020, est limitée au Nord par la Commune de Djidja, au Sud par la Commune de Zogbodomey, à l’Est par la Commune de Za-Kpota, et à l’Ouest par les Communes d’Abomey et d’Agbangnizoun. Sur le plan administratif, elle est divisée en 10 arrondissements à savoir : Bohicon I, Bohicon II, Agongointo, Avogbanna, Gnidjazoun, Lissèzoun, Ouassaho, Passagon, Saclo et Sodohomè.

L’histoire raconte que Bohicon était connu comme le lieu de repos du roi Tégbessou. Plus tard, il abrita le marché pour la vente des butins tels que les moutons et les cabris à tous les braves guerriers du roi. Grâce à ce commerce de butin, la ville porta alors le nom de Gbohi qui signifie le marché des moutons. Toutefois, deux thèses « Gbohigon » « Gbohicon » vont s’affronter pour tenter d’expliquer les origines du nom de la ville.  

Néanmoins toutes les thèses sont unanimes sur le fait que ce qui est aujourd’hui marché international de Bohicon est un héritage historique, résultant d’un défi que deux frères se sont lancés pour jauger leurs pouvoirs mystiques. L’accès à ce marché interdit aux cabris n’est pas une décision formelle provenant d’une consultation spirituelle ou religieuse, mais plutôt d’une volonté manifeste de son initiateur Zanvoh pour prouver sa bravoure devant son frère Dako-Donou, alors roi de Danxomè (1620-1645).

Bohicon, le marché dont le nom a été attribué plus tard à la ville par le Colon, est une déformation de Gbohicon. Malgré cette dénomination qui signifie littéralement vers le marché de cabri ou de mouton, on n’y vend pas ce mammifère. Si la vente de la chair de ce ruminant est autorisée aux bouchers à l’intérieur du marché, il n’en est pas de même pour l’animal vivant. Une interdiction formelle de Zanvoh, frère du roi Dako-Donou, le deuxième du royaume de Danxomè. Bohicon, Gbohicon ! (Vers le marché de cabris) ou encore Gbohigon ! Une confusion persiste aussi bien autour de l’appellation qu’au niveau de la graphie du nom de ce marché. Par conséquent, son historique ne fait pas l’unanimité. En effet, pour ce qui est de son origine, certains pensent que l’interdiction proviendrait du nom même du marché désigné, selon eux, sous le mot Gbohigon. Ce concept Gbohigon serait le nom authentique du marché et signifierait « le marché de cabri ne vient pas (ou ne viendra pas) » ou encore « Si c’est pour le marché de cabri, n’y viens pas » (Gbôwèadjro na sa hun gon).

Le nom Bohicon actuellement en vogue, n’est que la double déformation par francisation du mot fon Gbohigon. D’autres, par contre, soutiennent que cette façon d’expliquer le nom du marché relève de la désinformation. A en croire certains, le marché tient son nom du fait qu’on y vendait des cabris et moutons. Ce marché accueillait beaucoup de commerçants nagots et les affaires florissaient à telle enseigne que le marché de Gbodjo sis à Ouassaho n’arrivait plus à s’animer. Alors, le roi qui régnait pendant ce temps a décidé de transférer à Gbohicon le marché Gbodjo où le cabri ne se vendait pas. Ce faisant, la divinité ‘’Aïzan’’ installée dans le marché, interdit aussi ce type de commerce. Ainsi, le nom Gbohicon (vers le marché de cabris) est conservé, et pourtant, il y a l’interdiction de vendre le mouton à cause du fétiche Aïzan.

D’après d’autres explications, l’interdiction ne découle pas du nom dudit marché et Gbohigon paraît une invention. Le  marché fut créé par le roi Dako Donou et s’appelle Gbohicon et non Gbohigon comme certains le font croire. « Gbohigon ne donne pas le vrai sens du nom du marché »,

Comme des cabris faisaient partie du butin ramené du marché Gbodjo créé en l’honneur de sa mère, ils sont vendus dans le nouveau marché. Ainsi, le roi Dako-Donou lui attribua le nom Gbohicon qui signifie « le marché de cabris ou vers le marché de cabri ». Le nom sort de l’acte qui a été posé par le roi. Le nom n’a pas été donné pour signifier l’interdiction. Et cet acte, c’est bel et bien la vente des cabris comme butin de guerre. On devra donc s’attendre à ce que le commerce de cabri ou de mouton s’y développe. Mais cela n’a pas été le cas puisque, juste après la vente de cabri, le roi a formellent interdit ce type de commerce».


Pour d’autres sources,  le nom Bohicon a été prononcé pour la toute première fois au 17ème siècle par Zanvoh. Un jour, une crise de mésentente s’est emparée des deux frères. Le prince Zanvoh et le roi Dako-Donou de Houawè Zounzonsa. Des jours plus tard, la situation s’est envenimée jusqu’à ce que Zanvoh quitte le domicile familial pour aller s’installer à Kpassa dans Agonvèzoun. Nous sommes dans la commune de Bohicon. Ainsi, dans le but de rendre viable la zone, il y a installé un petit coin de vente pour empêcher ses femmes de se rendre dans le marché de ‘’Gbodjo’’ instauré par Dako-Donou, son frère ennemi. On en était là quand il eut l’idée de construire trois hangars sur le site de l’actuel jardin public de la ville dans l’intention de créer un marché digne du nom. L’installation de la divinité Aïzan, de Ahissin et les rituels afférents à un tel projet ont été faits. Ayant appris alors la nouvelle de la création d’un nouveau marché sur son territoire sans son implication, Dako-Donou invita son frère Zanvoh, l’initiateur du nouveau marché au palais pour le sermonner. Au cours des escalades verbales entre les deux braves, Dako-Donou, très remonté contre l’attitude de son frère, lui a dit que son marché ne sera jamais animé par des hommes, mais plutôt par des cabris et moutons. Et pour lui répliquer, Zanvoh, s’est adressé au roi Dako en lui disant que son marché sera bel et bien animé par des hommes et des femmes sans les cabris et moutons. D’où le nom Bohicon a été donné à ce marché pour signifier que le marché de cabris ne vient pas ou ne viendra pas. Cette interdiction, ne provient pas d’une divinité ou de l’oracle Fâ. Mais plutôt de la volonté de Zanvoh de prouver à son frère Dako-Donou qu’il est aussi capable de quelque chose.


La ville de Bohicon est devenue le principal centre commercial dans le département du Zou, dispose d’un marché central qui s’anime tous les cinq jours. On y retrouve plusieurs produits agricoles et des produits typiquement identitaires tels que le Lio (une pâte faite à base du maïs) et l’afitin (une moutarde faite à base de néré). Elle est surtout un pôle de transit pour les transporteurs entre le Port autonome de Cotonou et le Nord du Bénin, voire les pays de l’hinterland ; la construction d’un parking de transit pour gros porteurs en est une illustration. La ville revendique la quatrième place en termes d’importance économique

La ville est également une destination de choix pour les passionnés de la géologie et de l’archéologie. Bohicon abrite un gigantesque parc archéologique, celui d’Agogointo et un parc zoologique privé de Dako qui se trouve à Houawé.

Concernant l’économie principale de la ville, Bohicon se focalise surtout sur l’agriculture. Environ 19 % de la population de Bohicon est agricole. Celle-ci est différemment répartie dans les arrondissements tels que : Sodohomè, Passagon et Saclo. Ces derniers concentrent plus de 66 % de la population agricole et s’approprient à eux seuls plus de 75 % de la superficie de la commune. Les principales cultures qui y sont pratiquées sont : le maïs, le manioc et le soja. La proportion de la population agricole dans les arrondissements urbains (Bohicon I et II) est d’environ 18 %, ce qui illustre bien la forte urbanisation de ces deux arrondissements.

Le secteur agricole utilise 11 % des actifs de la commune dans l’objectif de s’investir dans l’exploitation de forêts, de cultures naturelles et d’élevage. Les moyens de production (main-d’œuvre, équipements, capital) sont traditionnels avec une faible maîtrise technologique. Les systèmes traditionnels de cultures agricoles dominent à 95 % et le travail individuel est en général à plus de 90 %. L’arachide, le palmier à huile, le soja et les agrumes sont des cultures prioritairement destinées à la vente contrairement aux autres cultures (maïs, niébé, manioc) qui sont destinées prioritairement à la consommation locale.

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