DESTINATION BÉNIN : OUIDAH, LA TERRE HXUÉDA, VILLE À VOCATION HISTORIQUE, CULTURELLE, CULTUELLE ET TOURISTIQUE.

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Ouidah est la terre natale du Président Émile Derlin Zinsou et aussi la ville d’origine de l’actuel Président de la République du Bénin, Patrice Talon. Elle a aussi bercé les ministres Adjovi Séverin; Francisco Marius ; Marcel de Souza ; Roger Gbégnonvi (professeur d’université) ; les députés Mathieu Adjovi ; Nahum Eleazar ; Tessy Cuthbert ;  professeur Honorat Aguessy (l’un des tout premiers docteurs en sociologie en Afrique noire) ; Célestine Adjanonhoun ; ainsi que Angélique Kidjo, diva et ambassadrice de la musique béninoise pour ne citer que ces personnalités-là.

Sur la côte maritime au sud-ouest du Bénin, à une trentaine de kilomètres de Cotonou se dresse cette ville, autrefois porte de sortie et d’embarcation de milliers d’esclaves lors de la traite négrière et aujourd’hui, territoire à vocation historique, culturelle, culturelle et touristique. Son nom Ouidah est une déformation de « Xwéda ». Il renvoie ainsi à l’ethnonyme utilisé par les Fon d’ Abomey pour désigner les premiers habitants de ce territoire, les Xwéda ; vocable perçu et transcrit différemment par les Européens : Juda, Ajuda par les Portugais ; Fida par les Hollandais ; Whydah par les Anglais, et Ouidah par les Français.

Ouidah était une grande terre d’accueil pour les populations Hxuéda, premiers habitants de la région qui sont originellement des adjas installés sur les rives du lac Ahémé. Ils avaient pour principale activité, la pêche.  Les Fon en provenance d’Allada y trouvant de grandes surfaces cultivables s’y installèrent aussi pour leurs travaux champêtres, d’où le deuxième nom de cette ville : Gléxwé.

Les Xwéda y avaient organisé leur modeste royaume et l’avaient nommé Kpassè, et ce royaume connut entre autres les souverains Ayohwan (1671-1703) ; Houffon (1708-1741) ; Akanmou (1776-1802) ; Dèdji (1844-1857).

Les Fon d’Abomey quant à eux y sont venus en grand nombre sous le règne du Roi Agadja, qui a conquis le royaume Xwéda de Savi, et a fait de Ouidah sa façade maritime en 1727 : c était le principal port de la côte du Golfe du Bénin. Ensuite, il y a eu la migration des commerçants nago et haoussa du Nigeria.

Toujours dans l’ordre des arrivées, un jour un des autochtones du nom de Kpatè qui labourait non loin de l’océan vit s’approcher de la côte une barque avec dedans des hommes blancs. Comme il n’avait jamais vu d’hommes blancs de sa vie, il cria : « ô zo ; ô zo, Zo djè agueh » (ô feu ô feu. Le feu est sur la côte et prit ses jambes à son cou. Ainsi, à la date d’aujourd’hui la langue Fon emprunte le terme « Zodjagué » pour désigner l’homme blanc.

Après cela, Ouidah sera la terre des départs. Des milliers d’esclaves, capturés à l’intérieur des terres du Dahomey ainsi que des prisonniers de guerre passeront par la porte du non-retour à Ouidah, en direction des Amériques. Ils s’en iront pour toujours mais le pays les gardera dans sa mémoire, et marquera son attachement à eux, par la mise en place d’un monument baptisé « la porte du retour » sur la plage de Ouidah et plusieurs séries d’actions favorables à l’accueil de leurs descendants comme des enfants. Ouidah est ainsi un véritable conteneur pour la mémoire de plusieurs générations. Il est reconnu que plusieurs familles originaires de Ouidah portent des noms à résonance portugaise ou afro- brésilienne. C’est le cas des da Silva, d’Oliveira etc…

Ouidah est demeuré un territoire où les pratiques ancestrales communément appelées vodoun sont vivaces. Elle est le berceau mondialement reconnu du vodoun et sert de lieu de pèlerinage annuel aux congrégations vodoun du monde, grâce à la journée du 10 janvier instituée en république du Bénin, sous la présidence de son Excellence Nicephore Soglo et dont le décret fut pris par feu Général Mathieu Kerekou 

A la base, les habitants de Ouidah avaient installé, vénéré et transmis sur plusieurs générations la divinité Dangbé (Python) comme divinité principale de Kpassè.  Aujourd’hui Dangbé est vénérée par 3 grandes familles dans le temple des pythons. Il s’agit des familles Agbo Atakpaloko, Zossoungbo et Adjovi. Ces familles s’identifient par les cicatrices raciales dans leurs visages ; les mêmes que celles du python vénéré (2×5).

En dehors du Dangbé, ils vénèrent les Atin min Vodoun ou Hounvè (vodoun Loko, Gou, Hêbiosso). Cependant d’autres divinités sont arrivées d’ailleurs avec le peuplement du territoire. Il s’agit de Sakpata et Dan (venus d’abomey) Mami wata et Thron (venus du Ghana via le Togo) ; Egungun, Oro, Shango venus de l’Est (Oyo).

La ville  de Dagbo Hounnon (Grand prêtre vodoun, reconnu mondialement jusqu’à sa disparition) est aussi une terre de cohabitation pacifique voire entre plusieurs religions. Le face à face du Temple du culte Python et de la Basilique (Eglise catholique de construction centenaire) en est un témoignage. Ouidah abrite aussi le Grand Séminaire de formation des prêtres catholiques. Comme religion, on peut aisément distinguer, l’animisme ; le Catholicisme ; l’Islam (le Protestantisme et autres.
L’actuelle ville de Ouidah a successivement eu le statut de district rural/urbain, sous-préfecture, de circonscription urbaine avant de devenir Commune par le processus de la décentralisation impulsé et effectif avec les élections communales de 2002.  

En tant que commune, elle se situera dans le département de l’Atlantique, sur une superficie de 364 km2. Elle est limitée : au Sud par l’ Océan Atlantique, à l Est par la Commune d Abomey-Calavi, à l Ouest par la Commune de Grand-Popo, et au Nord par les Communes de Kpomassè et Tori – Bossito.  Ouidah compte dix (10) arrondissements, subdivisés en soixante (60) quartiers de ville et villages.  Elle est dirigée par son nouveau maire, M Chritian Houétchénou.

Avec son climat soudanoguinéen, caractérisé par deux saisons de pluie alternées de deux saisons sèches à durées inégales, elle dispose aussi de sols favorables à la culture du manioc et du haricot, le Niébé, la Patate douce ainsi qu’aux cultures maraichères: Tomate Piment Gombo, Oignon, Légumes feuilles Légumes fruits. Les cocoteraies aussi y ont du succès. Son système hydraulique est fait de plans d’eau dont les principaux sont : les lagunes de Djessin, Donmè, et le lac Toho, alimentés par les fleuves du bassin du sud-ouest, notamment le Kouffo et le Mono.

On y trouve de l’acacia et l’eucalyptus (Ahouicodji) et de grandes plantations de cocoteraie et de palmeraie (dans le village de Gakpé) ; des formations naturelles dont la savane herbeuse, les prairies et les formations marécageuses à Raphia gigentea, quelques mangroves à Rhizophora racemosa et Avicenia africana.

Cette diversité de l’environnement naturel concourt à la présence de volaille, de petit bétail, la pisciculture de petite échelle, quant à la faune naturelle  de type aquatique notamment les poissons, les crustacés, les moules, les huîtres, d origine continentale que marine. Ce qui offre une belle flopée de spécialités culinaires qui constituent de vrais délices pour les visiteurs. Le Dakouin par exemple chez les peuples Xwla et xwéda (Piron à base de farine de manioc, mélangé à de la sauce au poisson frais). Féchuada, plat brésilien fait à base de haricot.

Abla, pâte de haricot avec de la farine de maïs et de l’huile rouge. Kandji, douce bouillie de mais solidifiée par cuisson dans des feuilles. Atoutou, pâte de farine de maïs mélangée à de la sauce avec du poisson et ou des crabes.
Les familles de Ouidah se retrouvent autour des rythmes Gogbahoun pour différentes cérémonies festives ou cultuelles.  Le Atchahoun, Elézo, Dawé houn, Zandro, Kpanou  houn, Le Zangbéto, et le bà (Kpodji guèguè) sont aussi des rythmes très pratiqués dans divers contextes.

En dehors des activités de transformation artisanale des produits agricoles comme : du manioc au tapioca et au gari ; Du vin de palme à alcool (sodabi) ; des noix de palme et de coco en huile et du fumage de poisson, Ouidah s’illustre particulièrement dans la fabrication du sel à Djègbadji, à Pahou, et à Avlékété.

La ville s’anime régulièrement autour de six marchés dont deux marchés journaliers : le petit marché « Ahouandjigo » dans le 2ème arrondissement ; Le marché Zobè dans le 3ème arrondissement où on rencontre des produits comme maïs, gari, des hangars de tissus, des plantes médicinales traditionnelles, des ossements d’animaux, de la volaille, de légumes, des huiles d’ arachide, de palme, de palmiste et des produits imports-exports. Les quatre autres marchés à savoir  le marché de Kpassè dans le 3ème arrondissement ; celui de Pahou et ceux de Savi et de Houakpé – Daho prennent vie une fois par semaine en moyenne.

Ouidah possède un patrimoine culturel et historique assez riche. Son paysage lagunaire et ses plages lui offrent de nombreux attraits favorables au tourisme cultuel et à l’écotourisme.

On peut se replonger dans le parcours des esclaves à travers le circuit « La Route de l’Esclave » qui commence à la Place aux Enchères et se termine à la Porte du Non-Retour en passant par l’arbre de l’oubli, la Case Zomaï, le mémorial de Zoungbodji ; La Case de Zomaci par opposition à Zomayi (chambre noire dans laquelle on maintenait les esclaves des jours durant afin qu’ils oublient leur vie passée) et le Mémorial du Répentir : Lumière éternelle, symbole du retour et de réconciliation de la Société Civile béninoise avec les peuples de la Diaspora.

Ce parcours de 3 km est jalonné de  lieux de mémoire et de monuments. Le long de la côte, la route des pêches longue de 30 km entre Fidjrossè (Cotonou) et la Porte du Non – Retour à Djègbadji plage (Ouidah) permet d’accéder à un beau paysage lagunaire fait des mangroves ; des îles de Djondji et Djègbadji, des plages avec les cocotiers, de la façade maritime et de la pureté de la nature.

Plusieurs autres sites patrimoniaux comme le Musée d’histoire de Ouidah, le musée de la famille de Souza, le Musée de la Porte du Retour, les anciennes maisons à architecture brésilienne, les places des anciens forts (Fort portugais actuel musée d’histoire de Ouidah, Fort français, Fort anglais, Fort hollandais, Fort danois et les sites sacrés comme les forêts sacrées de Savi, Kpassè, Avélékété, Houakpè-Daho ; le Temple des Pythons; la Basilique et le Séminaire Saint Gall, Houhoué (maison Daagbo Hounnon), la place Ahizounmè (marché du Roi Houffon), le Zolokotin, Agadja Lègba, Guézo Lègba sont aussi à visiter

Et pour s’évanouir de la beauté de cette ville, il faut se laisser transporter par le lac Toho de Tchiakpêcodji à Ahozon et par la lagune côtière de Pahou à Agbanzin-Kpota en passant par Avlékété ; Azizakouê, Djègbadji plage Djègbadji pont, Djègbadji hameau, Djondji, Aïdo, Mêko et Dégouè.

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