DESTINATION BÉNIN: PÉHUNCO, OU OUASSA-PÉHUNCO, LA CITÉ DES PIERRES NOIRES.
Péhunco serait créée vers les années 1770 par des chasseurs Baatombou venus de Kouandé et de Sinendé. A leur arrivée dans la zone, ils y trouvèrent des villages comme Dasso.
Les populations qui y vivaient seraient des forgerons et parleraient Baatonu. Les concertations mutuelles qui rentrent dans le cadre de la préparation des expéditions de ces chasseurs Baatombou (de Kouandé et de Sinendé) furent à l’origine du nom « wassara » devenu aujourd’hui « Ouassa » qui signifie « souffrance ».
Ouassa- Péhunco est un nom composé de « Wassa » et de « Kpéwonkou ». Ces deux noms sont devenus « Ouassa- Péhunco » avec l’arrivée du colon. En effet, « Wassa » désigne toute la région couverte par la chasse et signifie « Souffrance, pénurie totale ». Cette zone où venaient chasser les populations de Kouandé et de Sinendé est un domaine où il n’y avait ni montagne ni buisson, où il n’y avait ni à manger ni à boire. Ainsi dans leur préparation, ces chasseurs laissaient entendre : « Kon da n’wassaraco » qui signifie « je vais souffrir là où il n’y a rien ». « Wassaraco » c’est souffrir.
C’est ainsi que toute cette zone désignerait des zones de souffrance. Mais aujourd’hui cette version de « souffrance » ne fait pas l’unanimité. Pour certains, « Wassa » signifierait la propreté corporelle. En effet, quand le premier chasseur est venu, il s’est baigné dans les eaux de la rivière « assari » située près de Kpéwonkounou. En sortant de l’eau il s’exclama : « Na dem koua wassa-wassa ! ». Ce qui signifie : « je suis devenu très propre à présent ! ». D’où le nom « Wassa » donné à la région.
« Kpéwonkou » quant à lui signifie « Pierre- Noire » qui serait au départ une divinité à laquelle ces chasseurs faisaient régulièrement des sacrifices (pour invoquer la pluie pendant des poches de sécheresse afin de demander la fécondité, pour prévenir des épidémies etc.). La communauté qui s’est installée autour de cette divinité a simplement donné son nom au village ainsi constitué : le village de « Kpéwonkou » = « Péhunco ». De nos jours, cette pierre noire existe encore et les sacrifices se font toujours.
La Commune de Péhunco, située dans une pénéplaine, entre les vallées de l’Alibori à l’Est et la vallée du Mékrou à l’Ouest, et qui forme depuis 2014, un établissement public de coopération intercommunale avec Kouandé et Kérou, plus connu sous le vocable abrégé 2KP, est située dans le département de l’Atacora. Elle s’étend sur une superficie de 1900 km2 et est arrosée par le fleuve Mékrou, de nombreuses rivières à régime torrentielle comme l’Alibori et des cours d’eau temporaires dont la présence est liée à la forte pluviométrie qui caractérise les zones qui bénéficient d’un climat de type soudano-guinéen caractérisé par une longue saison pluvieuse (mai-octobre).
La Commune de Péhunco, pour son administration, est subdivisée en trois (03) arrondissements à savoir : Gnémasson, Péhunco et Tobré. Des unités administratives éclatées en 26 villages et quartiers de ville, et dont la gouvernance locale est confiée au maire Koto Orou Naré qui fonctionne avec la devise : Solidarité, Travail, Équité.
La Commune de Ouassa-Péhunco, lors du quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-4), affichait une population de 78.173 habitants dont les Bariba (Baatombu), majoritaires à 65%, qui sont pour la plupart agriculteurs. Ils sont suivis par les Peulh (33 %), souvent originaires des pays voisins et qui sont éleveurs. Plusieurs autres populations, minoritaires, y vivent également : Adja, Fon, Dendi, Yom, Lokpa, Otamari ou Yoruba. L’islam est la religion la plus pratiquée (46,3 %) et les mosquées y sont nombreuses. Les religions traditionnelles représentent 34,7 %. Les chrétiens sont peu présents, mais la commune abrite néanmoins quelques chapelles catholiques.
Limitée au Nord par la Commune de Kérou, au Sud par la Commune de Djougou, à l’Est par la Commune de Sinendé, et à l’Ouest par la Commune de Kouandé, la Commune de Péhunco essentiellement rurale, a une population dont l’activité principale est l’agriculture. À cela il faut ajouter l’élevage, la transformation des produits vivriers, le maraîchage et le commerce. À part la commercialisation des produits agricoles comme le maïs, le soja, le sorgho, le mil, l’igname, le coton… la nature a gratifié la commune de produits tropicaux comme le karité et le cajou. Ce qui fait de l’anacarde une culture de rente très étendue dans la région. En matière de produits maraîchers par exemple, la commune de Péhunco produit la meilleure qualité de pomme de terre au Bénin. Des tubercules qui concurrencent valablement les variétés importées de l’Europe.
Faire un tour à Péhunco pendant la fête de la Gaani agrémentée par un répertoire de danses restées intactes, ou à tout autre moment, c’est aller à la découverte d’un art culinaire atypique qui vous propose des mets dont la variété n’a d’égale que la richesse de ses sols. On peut y manger un bon plat d’igname pilée avec de la sauce d’arachide bien carnée, ou sauce légume appelée en Baatombu Pèrènu. Ou simplement choisir un plat de pâte de cossettes d’igname, de maïs, de mil, de sorgho, accompagné de la sauce de gombo ou de ses feuilles séchées.
L’actuel sage à la Cour constitutionnelle Amouda Issifou Razak, magistrat de son état, ancien député et ancien maire de la commune est l’une des personnalités de premier plan de Ouassa-Péhunco