DESTINATION BÉNIN : SÉGBANA OU SEH GBA BE, CE N’EST PAS CE QU’ON A TOUJOURS ENTENDU.
Cette commune a été rendue (tristement) célèbre par le fait qu’elle abritait, au cours de la période révolutionnaire au Bénin, une prison réputée pour les détentions politiques. Mais aujourd’hui la rencontre de ce territoire chaud, devenu la commune de Ségbana, est de nature à désabuser et rassurer tout visiteur. Ségbana n’est pas un lieu carcéral à ciel ouvert mais une terre d’accueil.
La commune de Ségbana est située au Nord- Est du Bénin dans le département de l’Alibori, à plus de 500 km de Cotonou, à la lisière de la république fédérale du Nigéria. Y vivent des Béninois de toutes les ethnies qui cohabitent avec des Nigérians et des Nigériens. Les échanges commerciaux ont cours des deux côtés de la frontière et le Naira se confond au FCFA dans les bourses des populations.
La commune compte plus de 100.000 habitants, dont près de 30.000 uniquement pour l’arrondissement de Ségbana. On y retrouve donc les Boo, les Peulh, les Haoussa, les Dendi, les Yoruba, les Baatombu et d’autres minorités ethniques comme les Fon.
La commune est limitée au nord par Malanville, au sud par la commune de Kalalé à l’Est par la République fédérale du Nigéria et à l’Ouest par les communes de Kandi et de Gogounou. Elle s’étend sur une superficie de 4 700 km2, soit 17,9 % de l’Alibori et 4,17 % de la superficie du Bénin. S2gbana est subdivisée en 5 arrondissements dont un en milieu urbain (Ségbana-Piami) et quatre en milieu rural (Liboussou, Lougou, Libanté, Sokotindji) et compte 5 quartiers de ville et 25 villages.
Au départ, ce territoire de terre rouge et rocailleuse fut découvert et défriché par un Tchienga (une ethnie boo qui peuple la région), du nom de Seh, diminutif de Saré/sabi. Le 1er quartier de Ségbana d’ailleurs s’appelle Tchiengawia.
Seh était un homme de grande taille (gbãa en boo), et de ce fait on appela ce lieu (chez Seh, l’élancé) ce qui traduit en langue locale donnait Seh- gbãa – bε avant de devenir dans sa forme francisée Ségbana.
Ségbana est l’une des anciennes sous-préfectures du département du Borgou. Elle a été créée en 1963 et majoritairement peuplée de Boo/Boko. Essentiellement agriculteurs et également réputés dans la production et la transformation traditionnelle du fer, les Boo sont un peuple de langue Mandé dont les mythes d’origine charriés par les traditions orales évoquent l’origine orientale ; notamment de la Mecque. Leur ancêtre éponyme du nom de Ki-Sia/ Kissira aurait conduit la plus importante vague migratoire qui a amené les Boo/Boko dans le Borgou. Les étapes les plus connues de cette longue et très ancienne migration sont Ilo, Bissa-Wέlε ou Boussa et Nikki.
En la mémoire de cet ancêtre éponyme Kissira et/ou celui de ses descendants, sont érigés des sanctuaires repérés à Swoala (près de Babana au Nigéria), à Morou (Commune de Ségbana), à Sakabanzi et Wenou, non loin de Nikki.
C’est d’Ilo et de Bissa-Wέlε/Busa que les Boo/Boko ont essaimé en direction des localités comme Lètè, Sokotindji, Sakabanzi, Ségbana.
De façon périodique, les populations de Ségbana célèbrent la fête des nouvelles ignames, la Gaani, le Sanco Lokpa (la Tabaski) et Lèpoo (ramadan) ; Coso ndo qui est une fête marquant la sortie de la nouvelle récolte de sorgho et au cours de laquelle on mange individuellement un poulet avec la pâte du sorgho ; Le Tèzou, un évènement organisé au début de l’année lunaire qui consiste à conjurer le mauvais sort à travers des jets de feu.
A l’occasion de ces grandes fêtes, une belle flopée de rythmes cultuels, initiatiques et/ou secrets sont exécutés par les communautés.
Il y a par exemple le Welena, une danse mixte cérémonielle et cultuelle au rythme des gourdes de calebasse contenant des grains tapés contre les talons des pieds accompagnés des chants des initiés.
Le Kèè, danse de démonstration des techniques et intelligence des chasseurs, pratiquée lors des cérémonies des braves chasseurs qui ont une fois tué un buffle dans leur vie. Elle se danse à des moments précis et par un groupe précis.
Le Baaba qui est une danse exécutée au clair de lune, sans aucun autre instrument que les mains et qui est riche de poésies et d’éloges d’amour
Le Kobi, danse féminine au rythme de tam-tam et des chants.
Massa, danse mixte entre les hommes et les femmes au rythme de tam-tam au cours duquel les danseurs ont leurs chaussures en mains.
Tassou, une danse mixte au rythme de tam-tam et flûte au cours de laquelle les danseurs attachent autour de leurs pieds les feuilles de coco à l’intérieur desquelles on met les grains de maïs ou de sorgho.
Lilè, une danse au rythme de tam-tam et de flûte au cours de laquelle les danseurs gardent chacun un bâton avec lequel ils se tapent entre eux.
Les Spécialités culinaires de Ségbana sont constituées de pâte de diverses céréales et de cossettes d’igname, igname pilée, bouillie de diverses céréales, le Kaa baala (repas à base du haricot)
Avec le PAG 2021, cette commune dirigée par OROU ZIME Bio Tian hérite entre autres de l’aménagement et du bitumage de la route Kandi-Ségbana-Frontière Nigéria (121 km) et de ceux de la route Nikki-Kalalé-Ségbana (147,68 Km). Feu Bani Samari , ancien député est une personnalité originaire de Ségbana.