DISCOURS D’OUVERTURE DU MINISTRE JOSÉ TONATO DU DIALOGUE NATIONAL SUR LA GOUVERNANCE ENVIRONNEMENTALE AU BENIN.
Honorables Députés à l’Assemblée Nationale ;
Messieurs les Préfets des départements de l’Atlantique, du Littoral et de l’Ouémé ;
Mesdames et Messieurs les Chefs de mission diplomatique et Représentants des Partenaires Techniques et Financiers (PNUD, Union Européenne, Banque Mondiale, GIZ ;
Messieurs les Présidents de la Chambre de Commerce et d’Industrie et du Patronat du Bénin ;
Monsieur le Président de l’ANCB ;
Mesdames et Messieurs les Maires et Présidents des Associations départementales des communes ;
Mesdames et Messieurs les membres du Cabinet, Directeurs Centraux, Généraux et Techniques du MCVDD ;
Messieurs les Coordonnateurs du PRC et du Pro Environnement ;
Madame et Messieurs les membres de l’équipe de Consultants ;
Mesdames et Messieurs, amis de la presse ;
Distingués invités ;
La mise en œuvre du Programme d’Actions du Gouvernement – PAG 2016-2021 – « Bénin révélé », est déjà à l’heure du bilan. Ce bilan, grâce à votre présence en ces lieux, prend les couleurs de l’environnement et du cadre de vie des béninois.
Si la gouvernance environnementale est entendue comme l’ensemble des règles, des pratiques et des institutions qui entourent la gestion de l’environnement dans ses différentes modalités – conservation, protection, exploitation des ressources naturelles, etc. à une échelle territoriale donnée, le dialogue que nous initions ce jour, voudrait légitimement questionner notre capacité à promouvoir à l’échelle de notre territoire, par une charte, donc un code de conduite quasi consensuel, une gouvernance axée sur le résultat, hier, aujourd’hui et surtout demain.
Dans le secteur du Cadre de vie et du Développement durable, la conduite des projets phares et des actions prioritaires, notamment celles qui concernent les réformes structurelles, nous a imposé de nous pencher depuis quelques mois, en toute responsabilité, sur l’état des lieux du secteur de l’environnement et d’évaluer la Charte Nationale sur la Gouvernance Environnementale, adoptée à l’issue du forum national sur le thème « gouvernance environnementale – Etat, Communes et Société civile : rôles et responsabilités », tenu à Cotonou les 22 et 23 janvier 2004.
Cette charte avait pour ambition de favoriser une gouvernance engagée, mais surtout participative de notre environnement, dans une exigence de transparence et de solidarité, entre l’Etat, les communes, la société civile et les populations du Bénin.
L’évaluation qui va être soumise à votre examen a été conduite pendant le 2ème trimestre de 2020, pour répondre à l’urgence de la problématique, face à nos attentes plus exigeantes en matière d’éco-citoyenneté et de changement durable de comportement, vis-à-vis de la cadence imprimée à la transformation qualitative de notre cadre de vie.
Au cours des 54 derniers mois, nous avons donc œuvré sous le pilier 3 du PAG – amélioration des conditions de vie des populations, selon l’axe stratégique 7 – aménagement équilibré de l’espace géographique national.
C’est un cadrage stratégique qui a optimisé notre stratégie nationale d’atteinte des Objectifs du Développement Durable (ODD), à travers le Programme Environnement et Climat.
Mesdames et Messieurs,
Concrètement, vous discuterez des conclusions, des résultats et des acquis de la mise en œuvre de la Charte nationale sur la gouvernance environnementale qui a été consacrée par le décret n° 2004-273 du 12 mai 2004.
Comme moi, vous le savez, l’état de l’environnement a substantiellement bougé au Bénin depuis 2004, malgré l’absence de frontières tangibles.
Au niveau global, nous sommes passés à l’ère des Objectifs du Développement Durable (ODD), suite à l’évaluation post-OMD – Objectifs du Millénaire pour le Développement – de 2015.
Au Bénin, les collectivités locales avaient à peine un an d’âge à l’entrée en vigueur de la charte ; aujourd’hui, notre pays est à la 4ème mandature de la décentralisation.
Le secteur en charge de l’environnement a évolué au gré de plusieurs modifications de son architecture institutionnelle, entre fusions et scissions successives, pour aboutir à une configuration qui, de mon point de vue, semble moins sectorielle et plus intégrée, qui privilégie l’approche par le territoire, comme facteur devant favoriser une meilleure synergie : le cadre de vie peut se révéler comme un puissant levier du développement durable, selon la volonté du Chef de l’Etat, le Président Patrice Talon.
Les domaines d’intervention du Ministère du Cadre de vie et de développement durable sont essentiellement et légitimement couverts par les compétences partagées avec les communes : par conséquent, il y a une exigence de concertation, de collaboration tant pour la mobilisation des ressources, que pour l’investissement et la gestion ; exigence de dialogue !
La société civile qui se mobilise davantage en faveur de l’écologie est devenue plus consistante et outillée, voire plus responsable, ouverte aux partenariats constructifs pour modifier nos comportements. Le secteur privé prend davantage conscience de la valeur essentielle de sa contribution au développement durable ; elle démontre sa responsabilité sociale par une démarche qui porte des projets verts.
Le bilan que nous voulons de la mise en œuvre de la Charte, se décline par le prisme de toutes ces évolutions plus ou moins qualitatives, avec tous ces véritables acteurs, réellement impliqués, ou simples observateurs, consommateurs tout court, pour esquisser d’autres pistes et ouvrir des chantiers nouveaux, en vue d’orientations stratégiques pour des actions futures, à la hauteur des enjeux et défis d’aujourd’hui et de demain.
Je souhaite convoquer aujourd’hui la notion de gouvernance doit être convoquée pour nous interpeller sur de nouvelles formes de coopérations entre acteurs de la vie économique et sociale. Je me questionne sur une gouvernance plus moderne qui, appliquée aux questions environnementales, dans notre contexte du cadre de vie, noous amène à poser à la fois la question de la maîtrise du temps par les acteurs et celle du territoire d’application des décisions prises. Je voudrais que cette gouvernance nouvelle engage un renouvellement de l’articulation entre le temps et l’espace – le territoire, en intégrant l’analyse des choix de gouvernance.
Dans cette perspective, le dialogue national devra apporter des réponses claires aux questionnements qui nous préoccupent tous :
Quel est notre choix de gouvernance en matière d’environnement et de cadre de vie ? Avec quel contenu pertinent ?
Qui est le médiateur idéal pour une gouvernance environnementale inclusive ? Avec quels acteurs majeurs ?
Quelles sont les interfaces adéquates pour une collaboration et une concertation transformatrices ?
Quel est le mécanisme d’évaluation de la gouvernance et des gouvernants ?
Répondre de manière juste, signifie également se pencher sur l’évolution du cadre législatif, institutionnel et règlementaire en matière de gestion de l’environnement au Bénin, en lien avec les enjeux suivants :
Changements globaux et dynamique des Accords Multilatéraux sur l’Environnement (AME) ;
Collectivités locales, Secteur privé, Société civile, Communautés : entités à part entière dans la gestion de l’environnement ;
Gestion durable du cadre de vie, de l’environnement, promotion des pôles de développement pour l’attractivité de nos territoires et l’atteinte efficace des Objectifs du Développement Durable (ODD).
Mesdames et Messieurs,
Le débat sur la réforme de la gouvernance de l’environnement s’est articulé autour de ces défaillances. Le système a tout de même remporté des succès : signature et renforcement d’accords, augmentation du financement disponible, affirmation de certains principes comme la précaution, participation d’un plus grand nombre d’acteurs. Nous avons besoin que le système soit réformé, dans le consensus, dans une négociation orientée sur l’augmentation des ressources financières, des garanties de transparence et de participation, sur la base d’une claire identification de nos priorités environnementales. Notre dialogue, en toilettant la charte, a pour mission de clarifier le débat.
Une gouvernance environnementale efficace passe aussi par la mobilisation effective des ressources (financières, humaines et matérielles) importantes.
Le ventre mou des administrations francophones, concernent particulièrement la mobilisation du finance climatique et du financement vert, pourtant disponible en quantité et en qualité, à la recherche d’idées et de solutions adéquates, innovantes et surtout durables à financer.
Nous avons beaucoup de mal à mobiliser les ressources que les conventions internationales et différents guichets mettent à notre portée, nous avons encore plus de difficulté à consommer les maigres montants que nous arrivons péniblement à mobiliser.
Cette situation est la traduction d’un gap de compétence et de capacité, que nous avons l’impératif devoir de résoudre collectivement.
Je voudrais par conséquent vous exhorter à réfléchir sur une cartographie des partenariats nationaux et globaux dans la gouvernance de l’environnement, de même que des propositions idoines de mobilisation des ressources.
Convaincu de cette impérieuse nécessité nationale, je voudrais exprimer la gratitude du Gouvernement et de son Chef, aux Partenaires Techniques et Financiers, notamment au PNUD, chef de file du groupe thématique cadre de vie et développement durable, à l’Union Européenne, à la Banque Mondiale, à la GIZ, pour appui constant au Bénin dans le secteur de l’environnement et du développement durable.
Je remercie particulièrement le Fonds pour l’Environnement Mondial et ONU Environnement qui appuient financièrement et techniquement le Projet de renforcement des capacités nationales (PRC).
Je dis ma grande satisfaction à la collaboration de la représentation nationale, de l’Association Nationale des Communes du Bénin, sans oublier tous les autres acteurs de la gouvernance environnementale, ici présents.
Je déclare ouvert le dialogue national pour le nouveau départ de la gouvernance environnementale au Bénin.
Je vous remercie.