ELECTIONS LEGISLATIVES 2019 AU BÉNIN : LES LECONS D’UNE DEMOCRATIE QUI EST DEVENUE MAJEURE

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[:fr]La démocratie béninoise a atteint l’âge de la maturité. Du moins c’est ce qu’il convient de dire après cette élection du 28 avril 2019. En effet, au Bénin, les bureaux de vote ont ouvert ce dimanche matin à 7h00 (heure locale) et les cinq millions de Béninois inscrits sur les listes électorales ont eu, jusqu’à 16h00 (15h00 TU) pour voter. Les élections législatives se sont déroulées sans quelques partis qui se réclament de l’opposition mais qui n’ont pas réussi à fournir les pièces nécessaires pour avoir le quitus de la conformité mais aussi pour n’avoir pas respecté les procédures de la Commission électorale nationale autonome. Les opposants ont appelé au boycott.

Malgré les appels à la violence multiples et multiformes lancés par les anciens président Thomas Boni Yayi et Nicéphore Soglo, les béninois ont accompli leur devoir civique le dimanche 28 avril 2019. En Effet, appels à la violence, au boycott et toutes sortes d’intimidations ont fini par convaincre certains béninois de sortir de chez eux. Le gouvernement pour contenir la situation et garantir la sécurité et la quiétude des béninois était obligé de couper l’internet qui était devenu le vecteur de circulation de fausses informations sur les réseaux sociaux.
Ainsi, dans certains bureaux de vote de Cotonou, les agents électoraux « sont très peu sollicités », rapporte notre correspondant. Des mégaphones ambulants appellent les électeurs à aller voter.

« Il n’y a pas de grande affluence. Il y en aura peut-être dans la mi-journée ou dans l’après-midi », espère une femme participant à l’organisation du scrutin.
« Il faut participer au vote. Autrement, on n’est pas un bon citoyen. Nous avons le devoir de voter, pour donner le bon exemple à nos enfants », a réagi l’un des quelques électeurs qui sont allés voter le matin.

« C’est un devoir citoyen. C’est un devoir patriotique. Que les gens aillent accomplir ce devoir. C’est (…) important », a dit une électrice.

Quelques incidents à l’intérieur du pays
Quelques points chauds ont été signalés dans la matinée, d’abord à Tchaourou, dans le centre du pays, à plus de 300 kilomètres au nord de Cotonou. Dans la ville natale de l’ancien président Boni Yayi, il y a eu de nouveaux incidents hypothéquant le démarrage et le déroulement du vote. Il n’y a donc pas eu d’opérations de vote à Tchaourou.
La situation était si tendue que la Commission électorale a demandé à ses représentants de se mettre sous la protection de la police. Le matériel électoral est désormais à l’abri, au commissariat.
Dans la même région, on signale aussi des perturbations à Tourou et Parakou. Du matériel de vote a été brûlé et on indique également qu’il y a une urne qui a été enlevée par des jeunes. Difficile cependant de remonter toutes les informations de l’intérieur. Les réseaux sociaux ne fonctionnaient toujours pas à la mi-journée.

Satisfecit décerné aux forces de l’ordre
Souvent accusés d’être au cœur des violences physiques sur les populations notamment dans des circonstances comme celles du dimanche dernier, les hommes en uniforme ont étonné plus d’un en accomplissant leur mission avec plus de professionnalisme et surtout avec le souci de préserver la paix. Violentés, ils n’ont toujours pas répondu par la violence. Selon certains observateurs, avec l’incendie d’un engin blindé à Savè, on aurait pu assister à un carnage. De plus, avec la séquestration du capitaine de l’armée à Savè, les forces de l’ordre et de sécurité auraient pu lancer l’assaut pour libérer leur frère d’armes. Mais ils ont su préserver la paix et opter pour le professionnalisme pour limiter les dégâts. La Plateforme électorale des Osc ainsi que plusieurs acteurs politiques ont décerné un satisfécit aux hommes en uniforme qui ont servi avec abnégation. Ils restent, avant tout, des béninois. Chapeau à la police républicaine et l’armée béninoise.

L’enjeu est la maturité de la démocratie béninoise

Les grandes leçons à tirer de ce scrutin sont plutôt d’ordre systémique. Le candidat Patrice Talon après mure réflexion avait déjà proposé dans son projet de société puis dans son programme d’actions de profondes réformes politiques, économiques et sociales qui ont bousculé ou supprimé les intérêts des regroupements socio-politiques du pays. Et pourtant depuis la conférence nationale des forces vives de la nation qui a consacré la démocratie béninoise, tous les dirigeants politiques, toutes catégories confondues faisaient un diagnostic pointu de la stagnation socio-économique du pays qui tire ses racines de la multiplicité de partis familiaux (avec des intérêts conflictuels pour le développement) dans le pays, mais n’osaient jamais engager ces réformes. « Pendant près de trente ans, on vient en politique pour s’enrichir au Bénin. Et très riche. Puis on en devient esclave. C’est cela que le Président Talon a refusé en asséchant même les sources financières de ses propres partisans et est devenu ennemi des champions du surplace qui se font appeler maladroitement opposants.» dira Immaculée Agbossou, membre du Bloc Progressiste, un des partis en lice pour les législatives.

Particulièrement, la réforme du système partisan a amené près de 175 partis et des centaines de mouvements politiques à s’aligner dans les 2 blocs qui accompagnent les actions du chef de l’état. Pris au dépourvu avec une supposée méconnaissance totale du nouveau code électoral et de la charte des partis politiques au Bénin, l’ex-alliance Fcbe qui est restée au pouvoir pendant 10 ans et quelques partis insignifiants n’ont pas pu, soit pour défaut de conformité en vue de devenir un parti légal ou respecter les procédures exigées par la Cena.

Enfin, à l’aune de ces législatives combattues mais tenues et dont la validité ne souffre d’aucun reproche au regard de la loi, peut-on être tenté d’affirmer sans ambages que c’est un nouveau jour pour le Bénin après cette élection? Les partisans du Président Talon sont péremptoires : «Le Bénin a assez fait la politique. Il est enfin temps que nous nous engagions sur le chemin du développement. Et rien ne nous arrêtera»

Ashley Vodounou
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