Le vice-président kényan, Rigathi Gachagua, se trouve au cœur d’une tempête politique sans précédent. Ce mardi, 281 députés ont voté en faveur de sa destitution, un événement qui étale les profondes divisions au sein du gouvernement
Rigathi Gachagua, vice-président du Kenya depuis août 2022, est accusé par le député Mwengi Mutuse, d’avoir notamment soutenu les manifestations antigouvernementales de juin dernier. Ce mouvement de contestation, qui réclamait la démission du président William Ruto, a engendré une répression ayant causé la mort de plus de 60 personnes. Il est reproché au vice-président son manque de soutien à l’égard du président pendant cette crise. En plus de cette accusation politique, Rigathi Gachagua serait également impliqué dans des affaires de corruption, une réputation qui lui colle à la peau depuis son entrée en politique. Lors de son audition au Parlement, Gachagua clame son innocence. « Je me tiens ici aujourd’hui pour me défendre, et je m’excuse auprès de mon défunt frère de devoir partager son testament privé. Les biens qu’il a acquis à force de travail acharné, destinés à soutenir sa famille, sont désormais injustement considérés comme le produit de la corruption », a-t-il rétorqué. Pour le vice-président kenyan, les accusations portées contre lui sont infondées et ne justifiaient pas une destitution sans un procès équitable.
Une fracture au sommet de l’État
Le conflit entre Rigathi Gachagua et William Ruto n’est pas récent. Si les deux hommes ont remporté ensemble l’élection présidentielle d’août 2022, leurs relations se sont considérablement détériorées ces derniers mois. Gachagua, un ancien homme d’affaires influent et figure politique incontournable de l’ethnie kikuyu, avait joué un rôle clé dans la victoire de Ruto. Cependant, les manifestations de juin et juillet ont teinté leurs relations. Le président Ruto, resté silencieux face à cette affaire, a préféré laisser le Parlement et le Sénat traiter la question, ce qui illustre le degré de rupture entre les deux hommes. Pour certains observateurs politiques, cette destitution pourrait être une manière pour Ruto de se débarrasser d’un allié devenu trop encombrant.Le Sénat a maintenant dix jours pour statuer sur la destitution du vice-président. Un total de 45 voix sur 68 est nécessaire pour que le texte soit adopté. Si cette procédure aboutit, Rigathi Gachagua deviendrait le premier vice-président à être destitué depuis l’adoption de la nouvelle constitution de 2010. Le Sénat a débuté ce mercredi 9 octobre, l’examen de la destitution du vice-président Rigathi Gachagua.
