NIGERIA : LES CHEFS RELIGIEUX QUALIFIENT « D’INACCEPTABLE, IMPIE, RÉPRÉHENSIBLE, » LE PROJET DE LOI SUR LE CONTRÔLE DES ÉGLISES (CAMA).
Les dirigeants chrétiens du Nigeria ont qualifié d' »inacceptable, impie et répréhensible » le cadre juridique du projet loi Companies and Allied Matters Act (CAMA) 2020 qui vise à permettre au gouvernement de contrôler les opérations des églises. En effet, dans la déclaration du 20 août obtenue par KINGONEWS, la direction de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN) a appelé le président du pays, Muhammadu Buhari, à renvoyer la loi au Parlement pour qu’elle soit amendée.
En réalité, le gouvernement du Nigéria a fait adopter une loi appelée a loi sur les sociétés et les affaires connexes de 2020 qui permettrait aux autorités de dissoudre les conseils d’administration des églises et des autres cultes et de fermer et disposer de leurs comptes bancaires sans une décision de tribunal.
C’est pourquoi ‘’la direction de l’Association chrétienne du Nigeria (CAN) rejette catégoriquement la loi sur les sociétés et les affaires connexes de 2020 qui a été récemment approuvée par le président Muhammadu Buhari », déclarent les membres de la CAN dans la déclaration du jeudi 20 août signée par Adebayo Olajide, le responsable des médias de CAN. Ils ajoutent : « La loi, pour le moins, est inacceptable, impie, répréhensible et un vent mauvais qui ne souffle sur personne de bon. C’est une bombe à retardement qui attend d’exploser. »
La loi approuvée par le président Buhari le 7 août permet la création d’une commission pour réglementer, coordonner et contrôler les organisations non gouvernementales, une mesure que les dirigeants chrétiens « rejettent complètement » car elle « place l’Église, qui est techniquement regroupée parmi les ONG, sous le contrôle du gouvernement ».
« La section satanique de la loi controversée et impie est la section 839 (1) & (2) qui habilite la Commission à suspendre les administrateurs d’une association (dans ce cas, l’église) et à nommer les directeurs intérimaires pour gérer les affaires de l’association pour certaines raisons données », notent les dirigeants de la CAN dans la déclaration du 20 août.
« Comment le gouvernement peut-il licencier le syndic d’une église qu’il n’a pas contribué à établir ? Comment un ministre laïc et politique peut-il être l’autorité finale sur les affaires et la gestion d’une autre institution qui n’est pas politique », demandent les dirigeants de l’église.
Selon les dirigeants de l’association, la loi est une abrogation de la loi sur les sociétés et les affaires connexes de 1990 (1), qui a été présentée au Parlement du pays lors du premier mandat de Buhari, tentant de placer les organisations religieuses et les ONG « sous le contrôle et l’influence du gouvernement ».
Ils rappellent, dans leur déclaration du 20 août, qu’à l’époque, le projet de loi avait été « totalement rejeté » par le CAN et d’autres ONG lors de l’audition publique « parce qu’il étoufferait la vie de l’église et classerait l’église comme une institution laïque sous contrôle laïc ».
« Nous pensions que tout était fini jusqu’à ce que nous entendions parler de la CAMA qui a été approuvée par le président, faisant du projet de loi rejeté une loi », déplorent les membres de la CAN qui incluent le Secrétariat catholique du Nigeria (CNS) dans leur déclaration collective.
« N’est-ce pas en train de devenir progressivement une dictature ou quel était l’essentiel de l’audition publique à laquelle vous nous avez appelés alors que vous aviez décidé de ne pas du tout considérer la position des chrétiens que nous avons présentée lors de l’audition publique ? lamentent les membres du CAN. Ils considèrent la tentative de contrôle des églises comme « une invitation aux troubles que le gouvernement n’a pas le pouvoir de gérer » et conseillent aux dirigeants du pays de « faire face à la tâche de fournir des infrastructures au peuple ».
Le gouvernement, selon les membres du CAN, « ne devrait pas s’occuper d’une affaire qui ne lui appartient pas ». Le gouvernement n’a pas l’expertise technique pour diriger l’église de Dieu en raison de sa nature spirituelle ».
« L’Eglise ne peut pas être contrôlée par le gouvernement en raison de ses responsabilités et obligations spirituelles », disent-ils avant d’ajoutenter, « C’est pourquoi nous demandons au gouvernement fédéral d’arrêter l’application de cette loi odieuse et impie jusqu’à ce que les institutions religieuses en soient exemptées ».
Ils appellent le président Buhari à « renvoyer d’urgence la loi à l’Assemblée nationale pour qu’elle soit immédiatement modifiée » et lui rappellent que le pays ne doit pas être comparé à une autre nation en ce qui concerne les relations entre les institutions religieuses et le gouvernement car « au Nigeria, les religions des gens sont liées à leur humanité et, bien sûr, à leur vie ».
Si le gouvernement applique la loi malgré leurs protestations, les dirigeants de l’Eglise disent qu’il aura alors « déclaré la guerre au christianisme et le programme de destruction de l’Eglise contre lequel nous nous sommes prononcés auparavant apparaîtra plus clairement ».
« Si vous ne pouvez pas nous donner de bonnes conditions de vie, nous ne vous permettrions pas de nous priver de notre liberté de vénérer notre Créateur », disent les membres du CAN au gouvernement dirigé par le président Buhari-et sondent, « Quelle bonne chose encore ne retirerez-vous pas au peuple au nom du pouvoir ?
Enfin, les chefs religieux affirment « demander à tous les Nigérians bien intentionnés de demander au gouvernement fédéral « de suspendre la loi parce que nous n’en avons pas besoin dans cette nation ».
Ethan OKPA.