PRESIDENTIELLES AU NIGERIA EN 2019: LE PDP, PRINCIPAL PARTI D’OPPOSITION DESIGNE ATIKU ABUBAKAR COMME CANDIDAT
[:fr]C’est Atiku Abubakar, ancien vice-président du Nigeria sous Olusegun Obasanjo qui portera la voix du Parti démocratique du peuple (PDP) lors de la prochaine présidentielle au Nigeria prévue en février 2019. Il a été élu ce dimanche à l’issue des primaires très disputées dans son parti.
En février et mars 2019, les Nigérians sont convoqués pour élire un nouveau président, mais aussi leurs gouverneurs et députés. Les jeux sont désormais faits quant aux principaux candidats à la présidentielle de février 2019. Le président Buhari, 75 ans, été désigné samedi par le parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC), au terme d’une primaire sans enjeu puisqu’il était seul en lice. En face, Atiku Abubakar, 71 ans, a été choisi par le Parti démocratique du peuple (PDP), formation au sein de laquelle douze candidats se sont affrontés lors de la convention nationale organisée ce week-end dans la ville pétrolière de Port Harcourt, dans le sud-est du Nigeria, a constaté l’AFP. Le candidat Atiku Abubakar a obtenu 1 532 voix, deux fois plus que son principal rival, le gouverneur de l’État de Sokoto (nord) Aminu Tambuwal, avec 693 voix. Pour rappel, le PDP avait été évincé par l’APC de Buhari en 2015, après 16 ans au pouvoir, lors de la première alternance politique au Nigeria depuis le retour à la démocratie en 1999.
Le chemin de désignation de l’adversaire de Buhari
« Merci de m’avoir choisi. C’est une victoire pour nous tous. La tâche de remettre le Nigeria sur les rails commence maintenant », a déclaré M. Atiku sur son compte Twitter cité par l’AFP, avant même la proclamation des résultats définitifs. Plus de 3 000 délégués des 36 États et d’Abuja ont voté pour le candidat de leur choix lors de primaires de deux jours qui ont démarré samedi, le vote ayant duré toute la nuit. Outre le gouverneur de l’État de Sokoto, Atiku Abubakar avait notamment face à lui le président du Sénat Bukola Saraki (317 voix), et Rabiu Kwankwaso, un ancien gouverneur de l’État de Kano (158 voix). Sans surprise, le vainqueur de la primaire est issu du Nord à majorité musulmane – plus précisément de l’État d’Adamaoua –, selon une règle tacite au Nigeria selon laquelle la présidence doit alterner tous les deux mandats entre un candidat du Nord et un candidat du Sud. Buhari a déjà effectué un premier mandat.
Qui est Atiku Abubakar ?
L’ancien vice-président, qui s’est déjà présenté quatre fois à la présidentielle, est aussi un homme d’affaires qui a amassé une fortune colossale dans l’import-export, le pétrole, l’agriculture ou encore les télécommunications. Issu d’un milieu modeste, ce musulman polygame, père de 20 enfants a passé une vingtaine d’années aux douanes nigérianes où il a peu à peu grimpé dans la hiérarchie pour en devenir le numéro 2, avant de se tourner vers le secteur privé. Sa richesse a toujours été ternie par des accusations de corruption ou des scandales de conflits d’intérêts, mais aucun de ses détracteurs n’a réussi à en apporter les preuves ni à le traîner en justice.
Buhari pour empêcher une revanche du PDP
Samedi, quelque 7 000 délégués du parti au pouvoir s’étaient également rassemblés à Eagle Square, dans la capitale fédérale Abuja, pour officialiser la nomination du président Buhari, une simple formalité en l’absence d’adversaire. « C’est avec un profond sens de l’humilité que je me tiens devant vous aujourd’hui pour accepter la désignation de notre parti, le Congrès des progressistes, pour être son candidat », a-t-il déclaré après l’annonce des résultats de la primaire, dans la nuit de samedi à dimanche. « Il n’y a pas de plus grand honneur que la confiance que vous tous m’accordez en confirmant ma nomination », a ajouté le président, s’engageant à « poursuivre le bon travail » de son gouvernement.
Beaucoup de dossiers sur la table
Mais cet ancien général, qui gouverna une première fois le pays entre 1983 et 1985, est aujourd’hui très critiqué, notamment pour ses politiques économiques et son incapacité à enrayer les violences dans le pays le plus peuplé d’Afrique, avec 180 millions d’habitants. Son parti, l’APC, a enregistré une vague de défections massives ces derniers mois : plusieurs poids lourds de la politique nigériane lui reprochant son style de gouvernance autocratique ont claqué la porte, à commencer par Atiku Abubakar, qui fut l’un des premiers à rejoindre le PDP fin 2017. Peu de différences idéologiques opposent les deux partis rivaux. Les principaux enjeux se cristalliseront donc autour de l’économie, dans un pays qui peine à sortir d’une grave récession, du chomâge et de l’insécurité. La lutte contre la corruption sera également au cœur des débats, beaucoup reprochant à Buhari d’avoir mené une chasse aux sorcières davantage destinée à évincer ses opposants qu’à assainir l’administration publique.
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