PRESIDENTIELLES DE MADAGASCAR: 36 CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE
[:fr]La Haute-cour constitutionnelle malgache (HCC) a annoncé aujourd’hui avoir enregistré pas moins de 46 candidatures pour l’élection présidentielle prévue à la fin de l’année dans le pays, dont celles de ses trois derniers chefs de l’Etat en date. La plus haute instance judiciaire de la Grande île annoncera d’ici à dimanche, après examen, la liste officielle des candidats autorisés à participer au scrutin des 7 novembre et 19 décembre prochains.
De cette pléthore de postulants – un record de 49 dossiers avaient été déposés en 2013 – émergent l’actuel président Hery Rajaonarimampianina, élu il y a cinq ans, et ses deux prédécesseurs, Andry Rajoelina (2009-2014) et Marc Ravalomanana (2002-2009). Les deux frères ennemis de l’opposition avaient été interdits de candidature lors du dernier scrutin, dans le cadre d’un accord destiné à mettre un terme aux crises politiques à répétition qui avaient secoué l’île pauvre de l’océan Indien.
Ravalomanana avait été contraint en 2009 de quitter le pouvoir à la suite d’un coup de force de l’armée, qui avait alors placé son jeune rival Rajoelina à la tête du pays. Le prochain scrutin présidentiel, qui sera doublé d’élections législatives, se tient dans un climat politique tendu. D’avril à juin, les partisans de l’opposition ont occupé la principale place de la capitale Antananarivo pour dénoncer les nouvelles lois électorales et exiger la démission du président Rajaonarimampianina, accusé de dérive autoritaire.
La crise n’a pu s’achever qu’à la faveur de la nomination d’un gouvernement d’union nationale. Comme la Constitution l’exige, le président Rajaonarimampianina, qui a annoncé la semaine dernière qu’il briguerait un nouveau mandat, devrait démissionner en septembre. Dans la longue liste des candidats à sa succession dévoilée mardi figurent aussi d’anciens Premiers ministres, Jean Omer Beriziky, Jean Ravelonarivo ou Olivier Mahafaly Solonandrasana, ainsi que l’ex-président Didier Ratsiraka, 81 ans, qui a dirigé le pays d’une main de fer de 1975 à 1993.
Début de campagne présidentielle sur les chapeaux de roues à Madagascar
Les trois derniers chefs d’Etat malgaches ont lancé lundi à cent à l’heure leur campagne pour le premier tour de l’élection présidentielle le 7 novembre, en affichant sans retenue leurs moyens, leurs promesses et leurs ambitions.
Sitôt donné le coup d’envoi officiel des réjouissances, Andry Rajoelina (2009-2014), Marc Ravalomanana (2002-2009) et Hery Rajaonarimampianina (2013-2018), grands favoris du scrutin, ont déployé caravanes, banderoles et slogans.
« Je déclare notre campagne officiellement ouverte », a déclaré M. Ravalomanana, 68 ans, devant une foule de plusieurs centaines de personnes réunies sur la célèbre Place du 13 mai, au coeur de la capitale Antananarivo.
« On vient de prouver qu’Antananarivo nous appartient », a-t-il lancé à ses troupes après avoir parcouru la ville en convoi.
Le président sortant Hery Rajaonarimampianina, 59 ans, a lui réuni ses fidèles à quelques km de là, à Itaosy.
« Au vu de l’affluence que nous avons eu aujourd’hui, on peut déjà se considérer comme vainqueurs », a-t-il assuré, avant de promettre en cas de victoire « une autosuffisance alimentaire en deux à trois ans pour Madagascar ».
Quant à Andry Rajoelina, 44 ans, il a entamé son marathon par un meeting dans l’extrême-nord de la Grande île, à Diego Suarez.
« J’irai jusqu’au bout pour faire triompher nos idées et rattraper le retard de développement de Madagascar (…) je veux rendre la fierté et la dignité au peuple malagasy », a-t-il devant une marée de supporteurs aux couleurs orange de son parti.
Dès samedi, il avait en toute légalité grillé la politesse à ses adversaires en réunissant des centaines de fanatiques pour la sortie de son livre intitulé « pour l’amour de la patrie ».
La campagne électorale débute dans un climat encore tendu par la longue crise politique qui a secoué Madagascar d’avril à juin.
– Revanche –
Pendant deux mois, des centaines de partisans de l’opposition ont occupé quotidiennement la Place du 13 Mai pour exiger d’abord le retrait de lois électorales jugées favorables au président sortant puis réclamer sa démission pure et simple.
Saisie du dossier, la Cour constitutionnelle a ordonné la formation d’un gouvernement de coalition qui a permis de sortir de l’impasse et de ramener un peu de sérénité.
Mais les rivalités entre les trois principaux prétendants ont vite ressurgi à l’approche d’une élection aux allures de revanche.
PDG d’un grand groupe agroalimentaire, Marc Ravalomanana a été contraint à la démission en 2009 par un coup de force de l’armée après de violentes manifestations de rue inspirées par le maire d’alors de la capitale, Andry Rajoelina.
Celui-ci lui a succédé, avec la bénédiction des militaires, à la tête d’un régime de transition non-élu jusqu’en 2014.
Rajoelina et son frère ennemi Ravalomanana interdits de candidature dans le cadre d’un plan de sortie de crise, c’est l’ex-ministre des Finances Rajaonarimampianina qui a alors tiré les marrons du feu pour accéder à la magistrature suprême.
Trente-six candidats ont été retenus pour les deux tours du scrutin présidentiel, les 7 novembre et 19 décembre, dans un pays qui reste l’un des plus pauvres au monde.
Avant-même le début de la campagne, vingt-deux d’entre eux ont déjà mis en doute la transparence et la crédibilité du scrutin, remettant notamment en cause la liste électorale.
« Les fraudes électorales vont avoir lieu à l’aide du logiciel utilisé par la commission électorale qui permettra à un candidat d’avoir six fois plus de voix que ce qu’il a réellement eu », a dénoncé lundi l’une d’elles, Fanirisoa Ernaivo, devant quelques curieux.
Un premier groupe de 40 observateurs de l’Union européenne (UE) est arrivé pour surveiller le scrutin.
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