24EME CONFERENCE DES PARTIES DE LA CONVENTION CADRE DES NATIONS UNIES POUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES: LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE DE LA PLANETE AU CENTRE DE TOUTES LES NEGOCIATIONS.

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[:fr]La Pologne dans sa ville Katowice, anciennement centre névralgique du charbon abrite la 24ème Conférence des Parties de la Convention Cadre des Nations Unies pour les changements climatiques(COP24) qui démarre aujourd’hui, 2 décembre et ce jusqu’au 14 décembre 2018.

En effet, les pays doivent multiplier leurs efforts et leurs actions en faveur du climat par trois pour atteindre l’objectif des 2°C, selon une évaluation récente. Il est encore possible de maintenir le réchauffement planétaire en-deçà des 2°C, mais la faisabilité technique pour réduire l’écart entre les besoins et les perspectives et atteindre un scénario à 1,5°C est en train de se réduire.

Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté en 2017, après avoir été stables pendant trois ans.

Si l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions n’est pas comblé avant 2030, il est extrêmement improbable que l’objectif de maintien de la hausse des températures en-deçà de 2°C puisse encore être atteint.

Selon les récents rapports, les émissions mondiales sont à la hausse alors que les engagements nationaux pour lutter contre le changement climatique sont insuffisants. Néanmoins, le dynamisme du secteur privé et le potentiel inexploité de l’innovation et du financement vert offrent des pistes pour combler l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions. Ces résultats, ainsi qu’un examen approfondi de l’action climatique et des derniers relevés des émissions mondiales, ont été présentés par les auteurs du Rapport 2018 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions lors de l’événement de lancement du rapport organisé au Palais Brongniart, à Paris.

Chaque année, le rapport phare d’ONU Environnement présente une évaluation définitive de ce que l’on appelle « l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions », c’est-à-dire l’écart entre les niveaux d’émissions prévus pour 2030 et les niveaux correspondants à l’objectif de maintien de la hausse des températures à 2 ou 1,5°C.

Ainsi, les conclusions révélées aujourd’hui constituent le dernier bilan des efforts d’atténuation nationaux et des ambitions présentées par les pays dans leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), qui constituent le fondement de l’Accord de Paris. Aussi les preuves exposées à l’occasion du lancement du rapport, quelques jours seulement avant le début de la 24e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP24), confirment que les émissions mondiales ont atteint des niveaux historiques de 53,5 Gt éq-CO2, sans aucun signe de pic, à savoir le moment où les émissions n’augmentent plus et commencent à diminuer. Les auteurs ont estimé que seuls 57 pays (représentant 60% des émissions mondiales) atteindraient un pic de leurs émissions d’ici 2030.

Cette analyse, ainsi qu’un examen des progrès accomplis par les engagements nationaux pris au titre de l’Accord de Paris montrent clairement que le rythme actuel des mesures nationales est insuffisant pour atteindre les objectifs de Paris. En raison de l’augmentation des émissions et du retard qu’accuse la prise de mesures appropriées, l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions est plus important que jamais dans le rapport 2018. Si l’on traduit cela en action climatique, les auteurs en arrivent à la conclusion que les pays doivent multiplier leur ambition de limiter le réchauffement climatique par 3 afin d’atteindre le scénario à 2°C et par 5 pour atteindre le scénario à 1,5°C.

« Si le rapport du GIEC était l’alarme incendie du monde, ce rapport constituerait l’enquête sur l’incendie criminel », déclare la Directrice exécutive d’ONU Environnement par intérim, Joyce Msuya. « Les preuves scientifiques sont claires : bien que nous ayons été témoins d’une action climatique ambitieuse, les gouvernements doivent agir plus rapidement et avec un plus grand sentiment d’urgence. Nous alimentons le feu alors que les moyens de l’éteindre sont à notre portée. »

Selon les conclusions du rapport, si les tendances actuelles se poursuivent, elles entraîneront un réchauffement de la planète d’environ 3°C d’ici la fin du siècle. L’augmentation des températures sera ensuite continue.

Bien que les auteurs du rapport soulignent qu’il est encore possible de réduire l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions et de maintenir le réchauffement de la planète en-deçà des 2°C, l’évaluation émet un avertissement clair : le type de mesures drastiques et à grande échelle dont nous avons un besoin urgent n’a pas encore été observé.

Dans le but de combler ce vide, le rapport 2018 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions offre un nouvel aperçu du scénario dans lequel l’action climatique serait significative. Grâce à une nouvelle analyse des émissions mondiales dans le contexte de la politique budgétaire, au rythme actuel des innovations et avec un examen exhaustif des actions climatiques menées par le secteur privé et sur le plan infranational, les auteurs proposent une feuille de route pour la mise en œuvre du type d’action transformative requis pour optimiser le potentiel dans chacun de ces secteurs.

Qu’il s’agisse des villes, des autorités des provinces, des états et des régions, des entreprises, des investisseurs, des établissements d’enseignement supérieur et des organisations de la société civile, les acteurs non étatiques s’engagent de façon croissante dans des actions climatiques audacieuses. De plus en plus, ces institutions sont reconnues comme des éléments clés pour atteindre les objectifs mondiaux de réduction des émissions. Bien que les estimations du potentiel de réduction des émissions varient considérablement, certaines évoquent 19 gigatonnes d’équivalent en dioxyde de carbone (Gt éq-CO) avant 2030, une réduction suffisante pour atteindre le scénario des 2 ° C.

Le potentiel est encore plus important s’il est accompagné par une politique fiscale soigneusement conçue.

« Quand les gouvernements adoptent des mesures fiscales pour subventionner des solutions à faibles émissions et taxer les combustibles fossiles, ils peuvent stimuler les investissements appropriés dans le secteur de l’énergie et réduire considérablement leurs émissions de carbone », déclare Jian Liu, Directeur scientifique de l’ONU Environnement. « Heureusement, le potentiel d’utilisation de la politique fiscale en tant qu’incitation est de plus en plus pris en compte : 51 initiatives de tarification du carbone sont en oeuvre ou en cours de planification, couvrant environ 15% des émissions mondiales. Si toutes les subventions aux combustibles fossiles étaient supprimées, les émissions mondiales de carbone pourraient être réduites de plus de 10% d’ici 2030. Il est également essentiel de fixer un prix du carbone adéquat. À un coût de 70 USD par tonne de CO2, il est possible, dans certains pays, d’atteindre des réductions d’émissions de 40%. »

Ces trajectoires peuvent encore être améliorées si les décideurs adoptent des solutions innovantes. Les auteurs ont présenté cinq principes clés à prendre en compte pour accélérer l’innovation à faible émission de carbone. Comme par exemple l’acceptation des risques dans l’exploitation commerciale, l’alignement économique global, les approches ciblées sur des missions spécifiques et une perspective à long terme pour accroître l’intérêt de la finance.

Le neuvième rapport sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions a été préparé par une équipe internationale de scientifiques de renom qui a évalué toutes les informations disponibles, y compris les informations publiées dans le contexte du rapport spécial du GIEC, ainsi que d’autres études scientifiques récentes.

 

Christophe DJOSSOU

Depuis Katowice

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