AFFAIRE HUSHPUPPI: LE FBI AUX TROUSSES D’UN CÉLÈBRE POLICIER NIGÉRIAN NOMMÉ ABBA KYARI.

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Hushpuppi a décidé de plaider coupable et dénonçant tous ses complices en commençant par le Super Flic Abba Kyari.

C’est une affaire rocambolesque qui va faire trembler la République Fédérale du Nigéria et qui implique le policier le plus craint, le plus décoré et le plus populaire de notre temps du Nigéria. Il est connu comme le «super flic» du Nigeria mais désormais le FBI dit qu’il a soutenu un réseau de cybercriminalité dont la pièce maîtresse est Ramon Abbas alias Hushpuppi.

Il est célèbre au Nigéria pour avoir attrapé des criminels notoires – des tueurs, des kidnappeurs, des braqueurs de banque et des extrémistes de Boko Haram. Des années d’arrestations très médiatisées lui ont valu des éloges et un surnom durable : « super flic ».

Aujourd’hui, Abba Alhaji Kyari, commissaire adjoint de la police nigériane, est accusé d’avoir abusé de son pouvoir pour soutenir un réseau mondial de fraude.

Kyari, 46 ans, est recherché aux États-Unis pour des accusations de fraude et de blanchiment d’argent, selon des documents judiciaires descellés cette semaine en Californie. L’un des escrocs les plus infâmes du Nigeria – Ramon Abbas, qui porte le surnom de « Hushpuppi » – a déclaré aux enquêteurs que Kyari avait accepté un pot-de-vin l’année dernière pour arrêter un homme qui avait trahi son syndicat de la cybercriminalité.

« Il est dans ma cellule maintenant », a envoyé Kyari à Abbas, selon l’acte d’accusation.
« Je veux qu’il soit sérieusement battu à mort », aurait répondu Abbas; le responsable de la police ayant répondu: « Hahahaha ».

Abbas a plaidé coupable en avril à des accusations liées à la fraude devant un tribunal américain en Californie, selon les dossiers judiciaires descellés lundi 26 juillet. Il risque jusqu’à 20 ans de prison.
Kyari a nié tout acte répréhensible. La police nigériane a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête sur les allégations du FBI, mais n’a pas précisé si Kyari avait été suspendu.

Le ministère américain de la Justice a refusé de commenter toute demande d’extradition. Dans une déclaration sur l’affaire, l’avocate américaine par intérim Tracy Wilkinson a déclaré que les États-Unis visaient à sévir contre la « compromission des e-mails professionnels  » ou BEC – le type d’escroquerie privilégié par le gang d’Abbas.

Cela commence généralement par le piratage d’un compte de messagerie d’une entreprise, la détection d’une facture, par exemple, puis l’usurpation de l’identité du destinataire prévu de ce paiement. Les entreprises américaines ont perdu 1,8 milliard de dollars à cause de telles escroqueries en 2020, selon les données du FBI.

Certains Nigérians se sont précipités pour défendre Kyari, arguant qu’Abbas voulait juste salir une idole. Mais l’indignation a éclaté dans les talk-shows, les réseaux sociaux et dans les coins de rue.

‘´Il est connu comme un flic pragmatique qui aime faire les choses correctement », a déclaré Raymond Nkannebe, un avocat et chroniqueur de 31 ans dans la capitale économique du Nigeria, Lagos. « Imaginez ce que cela fait au moral de la nation’´

Les militants disent qu’une culture de corruption s’est développée dans les forces de l’ordre nigérianes, avec des agents extorquant des personnes au fil des ans, souvent avec violence et sans conséquence. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue l’année dernière lors de manifestations à l’échelle nationale. Le mouvement #EndSARS est né d’appels à l’abolition de la Special Anti-Robbery Squad, une unité de police largement considérée comme prédatrice – et que Kyari a autrefois dirigée à Lagos. Le président nigérian s’est engagé à la réformer.

La colère persiste également après que les forces de sécurité aient tiré sur un groupe de manifestants en octobre au poste de péage de Lekki à Lagos, suscitant la condamnation internationale. (Les commissions judiciaires examinant l’incident sont toujours programmées chaque semaine.)

L’acte d’accusation de Kyari alimente davantage la méfiance, a déclaré Rinu Oduala, un militant de #EndSARS. Les Nigérians continuent d’entretenir des relations très difficiles avec la police.

« C’est le » super flic « – un gars de haut niveau dans les meilleurs cercles », a-t-elle déclaré. «Les policiers ne sont toujours pas les amis du peuple. Ce sont des amis des élites.

Alors que Kyari accumulait les distinctions des forces de l’ordre, « Hushpuppi » attirait des millions d’adeptes sur Instagram avec un flux de décadence financée par l’arnaque : jets privés, un sac Birkin turquoise, un mur de baskets Nike et Chanel.

Sur une photo, l’escroc s’appuie contre une Ferrari rouge. « Roule avec moi, bébé », a-t-il écrit. « Tu vas prospérer. »

Avant que la police n’arrête Abbas à Dubaï l’année dernière, il se présentait comme un promoteur immobilier ultra-riche. En réalité, a-t-il admis devant le tribunal, il a mené une opération de fraude qui a trompé les victimes de 24 millions de dollars. Au moins 1,1 million de dollars de ce montant étaient censés ouvrir une école pour enfants au Qatar.

Abbas a conservé une partie des fonds volés sur des comptes bancaires américains, selon les archives judiciaires. Le tribunal a bloqué l’identité de ses victimes.

Lorsque l’escroc a eu besoin d’aide, il s’est tourné vers « un commissaire adjoint hautement décoré de la police nigériane », selon des agents du FBI.

Abbas a envoyé un message à Kyari l’année dernière après qu’un de ses co-conspirateurs – surnommé « Vincent » – se soit retourné contre lui, selon l’acte d’accusation. Vincent a tenté d’avertir et de « voler une victime », a déclaré Abbas à Kyari, ajoutant qu’il devrait être battu « comme [un] voleur à main armée », selon l’acte d’accusation.

« S’il vous plaît, monsieur, je veux dépenser de l’argent pour envoyer ce garçon en prison », aurait écrit Abbas. «Laissez-le partir très longtemps.» aurait répondu.

Kyari aurait également répondu avec une photo de Vincent puis envoyé sur les coordonnées bancaires. (Le compte n’était pas répertorié en son nom.)

Jeudi, lorsque la nouvelle de l’acte d’accusation de Kyari s’est éclaté dans les médias nigérians, il a insisté sur le fait qu’il y avait eu un malentendu.

« Personne n’a demandé d’argent à Abbas Hushpuppi et personne n’a perçu d’argent de lui », a écrit Kyari sur sa page Facebook. « Nous avons répondu à un appel de détresse qu’il a lancé sous la menace de sa famille et avons relâché le suspect lorsque nous avons découvert qu’il n’y avait aucune menace pour sa vie de la part du suspect. »

Plus tard, a écrit Kyari, Abbas lui a demandé de le mettre en contact avec une personne vendant des vêtements que l’officier avait portés sur des photos sur les réseaux sociaux. Abbas a envoyé environ 730 $ à ce marchand, a déclaré Kyari.

Les vêtements, a écrit Kyari, « ont été apportés à notre bureau et il a envoyé quelqu’un pour les récupérer ».
La publication sur Facebook a inspiré des moqueries en ligne – « Qui connaît le poste de police le plus proche où un tailleur peut déposer mes vêtements, s’il vous plaît ? » a tweeté le journaliste ‘Fisayo Soyombo – mélangé à une vague de tristesse.

« Je n’aime pas quand les étoiles tombent », a écrit Timawus Mathias, un responsable des médias nigérians, sur sa page Facebook. « C’est comme un beau cadeau tenu près de lui qui s’est évanoui dans la nuit. »
Les habitants de la ville natale de Kyari, Maiduguri, avaient suivi son ascension avec fierté.

Le responsable de la police a été crédité d’avoir traqué les cerveaux derrière les attentats suicides qui avaient dévasté la ville. Il y a quelques années, le président nigérian Muhammadu Buhari lui a décerné une médaille du courage.


« Nous le tenions tous en haute estime, et la plupart de nos jeunes le recherchent pour l’inspiration », a déclaré Usman Dalhatu, un fonctionnaire de 43 ans. «C’est définitivement dévastateur. Je prie pour qu’il en ressorte propre.

Les perspectives

Aux dernières nouvelles, notre super flic nigérian Abba Kyari aurait constitué un groupe d’avocats pour sa défense et menace de faire tomber de hauts gradés de la police fédérale nigériane. Entre temps Kyari a supprimé tous ses comptes sur les réseaux sociaux.

Christophe G. Djossou & Illiasu Temitopè depuis Abuja

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