AFRIQUE DU SUD: LE BÉNINOIS HORACE ADJOLOHOUN NOMMÉ PROFESSEUR ASSOCIÉ À L’UNIVERSITÉ DE WESTERN CAPE.
Par décision du 17 octobre 2023, le Comité de nomination et de promotion de l’Université de Western Cape en Afrique du Sud a proposé la nomination du juriste béninois Sègnonna Horace Adjolohoun au poste de Professeur associé au Centre Africain de Justice Pénale Transnationale. La proposition a ensuite été approuvée par le Conseil scientifique de l’université.
Si elle ne surprend pas particulièrement dans les milieux des universitaires et autres praticiens du droit sur le continent, la nomination de l’universitaire et fonctionnaire international béninois est une nouvelle consécration dans un parcours soutenu. Admis à l’Université d’Europe Centrale en 2016 comme Professeur extraordinaire, l’ancien auditeur de l’Ecole nationale d’administration du Bénin se démarque par ses interventions sur les problématiques du droit africain des droits de l’homme et du droit constitutionnel comparé. La même année, l’Université de Pretoria où il fait ses troisièmes cycles entre 2007 et 2012 le nomme Professeur extraordinaire. Le pragmatisme des milieux universitaires anglophones le prédispose déjà à une expertise internationale très tôt reconnue par diverses organisations qui sollicitent ses interventions pour former les avocats, juges et acteurs de la société de toutes les régions du continent.
Universitaire engagé, le professeur Adjolohoun a constamment, par ses nombreux articles scientifiques et autres publications de grand public, défié le statut quo intellectuel sur la démocratie constitutionnelle, l’indépendance du pouvoir judiciaire, la décolonisation et les droits fondamentaux en Afrique. Ses prises de position sur les atermoiements de l’intégration régionale et les travers néo-coloniaux du renouveau démocratique en Afrique le distinguent comme un intellectuel qui échappe aux carcans classiques. Il propose notamment la décolonisation de la démocratie constitutionnelle en Afrique et crée la polémique sur l’efficacité de la limitation des mandats présidentiels comme panacée des libertés politiques sur le continent.
Mais au-delà des coutures d’universitaire, c’est sans doute ses atours de praticien qui font la singularité du profil que s’est forgé le professeur Adjolohoun. En plus d’une décennie de carrière internationale, il a contribué directement au fonctionnement des deux institutions principales du système des droits de l’homme de l’Union africaine à savoir la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples et la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Quant il arrive à la Cour en 2016 comme Juriste principal en chef, il en devient l’un des porte-étendards même si son esprit critique lui vaut bien des inimitiés. Il est tout de même nommé Assistant spécial par deux présidents successifs avant d’être propulsé au poste du Chef du département juridique de la Cour. Par deux fois candidat au poste de juge à la Cour, le soutien de son pays ne lui fait pas défaut même si l’ambition politique ne suffit pas pour concrétiser la démarche.
Pour l’heure, il ne fait pas de doute que le professeur Adjolohoun poursuit sa double carrière avec brio. A l’instar des grandes diplomaties, le Bénin devrait se donner les moyens politiques de promouvoir ses ressortissants qui concourent à l’honorer en Afrique et dans le monde. La diplomatie des grands pays, c’est d’abord celle de leurs femmes et hommes ; ces intrépides ambassadeurs insoupçonnés qui vendent dans leur quotidien professionnel la marque de fabrique de leurs origines.
Bon vent au Professeur.