CÔTE-D’IVOIRE & DÉMOCRATIE: L’EXPLOSIVE LETTRE DU PROFESSEUR FRANKLIN NYAMSI WA KAMERUN POUR EXIGER LA DÉMOCRATIE EN CÔTE-D’IVOIRE.

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Lettre d’alerte du Professeur Franklin Nyamsi Wa Kamerun

Agrégé de philosophie

Docteur de l’Université Charles de Gaulle-Lille 3

Membre de Générations et Peuples Solidaires

Mesdames et Messieurs,

J’exerce par le présent Appel, mon devoir de citoyen franco-africain. J’exerce par le présent Appel mon devoir d’intellectuel engagé pour l’Etat de droit et la démocratie. J’exerce par le présent Appel mon devoir d’homme pour une communauté humaine en péril.

Si vous croyez en la valeur de l’Etat de droit et de la démocratie, non pas seulement pour vous et vos concitoyens, mais également pour toute l’humanité, cet appel à la solidarité pour le peuple martyrisé de Côte d’Ivoire vous concerne.

Si vous recevez la présente lettre d’alerte, c’est que nous avons estimé que la position et le rayonnement de votre personnalité politiques  peuvent utilement contribuer à agir contre la tragédie politique et humanitaire en cours en Côte d’Ivoire, notamment depuis que M. Alassane Dramane Ouattara, un ancien banquier international issu du FMI et de la Banque Mondiale devenu président de la République en 2010, a décidé de violer le principe de la limitation des mandats présidentiels au nombre strict de deux (02), consigné à l’article 55 de la constitution de ce pays. Un ignominieux parjure qui livre le pays à la pire régression morale de son histoire depuis 1960 !

Cette décision grave et scandaleuse, d’une immoralité blessante, en rupture frontale avec l’esprit et la lettre de la loi fondamentale du pays, mais aussi avec les aspirations démocratiques profondes de l’ensemble des jeunes populations du continent africain, constitue une régression vers la promotion des présidences à vie, véritable fléau dictatorial datant des régimes à partis uniques de la seconde moitié du 20ème siècle. Le parjure d’Alassane Ouattara a donc soulevé un tollé général et un rejet massif des populations en Côte d’Ivoire, dans la sous-région ouest-africaine, et à travers le monde entier, comme en témoigne le dossier de presse que nous joignons à la présente correspondance.

L’opposition politique, la société civile et la majorité du peuple de Côte d’Ivoire ayant opposé une fin de non-recevoir à cette grave entorse contre la souveraineté démocratique, Alassane Ouattara a choisi de s’imposer par la terreur, le mensonge et la ruse.

Depuis le 6 août 2020 notamment, la Côte d’Ivoire est plongée dans une spirale répressive de plus en plus accélérée et d’une violence inouïe. Accompagnés par des forces de l’ordre corrompues par Ouattara, des miliciens armés de machettes et de fusils harcèlent, menacent, molestent, blessent et tuent impunément depuis plus de trois mois notamment, des citoyens ivoiriens à travers tout le pays. La moindre manifestation pacifique des populations est systématiquement transformée en bain de sang par les barbouzes de Ouattara, qui sont allés jusqu’à jouer au football avec la tête d’un citoyen qu’ils avaient sauvagement égorgé auparavant à Daoukro. Ce pays est en train de choir progressivement dans une terrible guerre civile.  Dans des conditions atroces et horribles, plus de 100 ivoiriens ont été assassinés par les milices du régime Ouattara depuis lors dans les villes d’Abidjan, Yamoussoukro, M’batto, Bongouanou, Dabou, Grand-Bassam, Sikensi, Gomon, Ferkéssédougou, entre autres villes et campagnes meurtries, au motif qu’elles manifestaient pacifiquement contre le 3ème mandat anticonstitutionnel envisagé depuis lors par le président sortant.

En effet, à la veille de la célébration de la 60ème fête de l’Indépendance du pays, M. Alassane Dramane Ouattara, qui achevait son deuxième et dernier mandat constitutionnel, et qui avait publiquement été félicité au mois de mars 2020 par le président français Emmanuel Macron pour avoir annoncé son intention de respecter la constitution en se retirant de la présidence de la république au soir de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, a décidé de faire volte-face. Dans un parjure solennel, et en brandissant le prétexte de l’entrée dans une supposée 3ème république, Alassane Ouattara a en réalité fait basculer le pays et la sous-région dans une instabilité née de la rupture totale de la confiance entre les populations et les institutions, entre le pouvoir et l’opposition, mais aussi entre les institutions ivoiriennes elles-mêmes.

La ruse du despote a consisté à vouloir utiliser le décès subit du candidat déclaré du RHDP, le regretté premier ministre Amadou Gon Coulibaly, comme un alibi pour violer la constitution en bénéficiant de la compassion de ses victimes, les populations ivoiriennes. Mais tout le monde a vite et bien compris que monsieur Ouattara ne pouvait pas s’octroyer exceptionnellement un 3ème mandat inconstitutionnel au motif que le candidat désigné par son parti le RHDP, serait prématurément décédé. Qui oserait imaginer un tel scénario en démocratie ? Au motif que le candidat d’un parti concourant à une élection décède, ce parti a t-il le droit de violer la loi? Nul être sensé ne peut l’alléguer.

Le mensonge de Ouattara a consisté à prétendre qu’il aurait droit à «  un premier mandat de la 3ème république », cette dernière étant née selon lui de la Constitution du 8 novembre 2016. Or monsieur Ouattara n’ayant pas remis en jeu l’ensemble des mandats électifs lors de la révision constitutionnelle du 8 novembre 2016, on sait qu’il a continué sans interruption à assumer son second mandat présidentiel conformément à la lettre et à l’esprit inchangés de la loi depuis la constitution de juillet-août 2000. Car si une nouvelle république avait été instaurée en novembre 2016, tous les mandats électifs de la république devaient être renouvelés. Ce qui n’a pas été le cas. En outre, monsieur Ouattara, tout comme l’ensemble des membres du gouvernement, y compris les juristes- rédacteurs du texte constitutionnel ivoirien, ont été constants pour affirmer sur leur honneur que la limitation des mandats prévue à l’article 35 de la loi en 2000 et reconduite dans l’article 55 de la loi en 2016, demeurait intacte et univoque.

De telle sorte que ni la violence, ni la ruse, ni le mensonge choisis par Alassane Ouattara pour imposer une dictature en Côte d’Ivoire n’ont pu réussir à travestir la vérité et la justice des faits. Non seulement monsieur Ouattara ne pouvait pas être candidat, mais il ne peut pas non plus être réélu président de la République et il ne peut par conséquent se prévaloir, après le terme de son mandat légal le 31 octobre 2020, du titre de président de la République de Côte d’Ivoire.

La Côte d’Ivoire est aujourd’hui dans l’impasse à cause de la volonté d’un seul homme et de son clan obsédé, de capturer l’Etat et d’en faire un empire des Ouattara ad vitam aeternam. D’ailleurs, au détour d’une tristement célèbre interview de télévision, monsieur Ouattara n’avait-il pas émis le souhait d’être davantage qu’un président de la République, bien plutôt un empereur ? « I think I would have been an emperor. It is much better than president. », affirma-t-il au grand dam de la journaliste médusée. Ce qui révéla à la face du monde un homme politique de toute évidence mythomane, mégalomane et profondément sadique.

Il convient peut-être de rappeler que cette opération ubuesque de monsieur Ouattara en cette année 2020 est venue couronner une série de déstabilisations de la Côte d’Ivoire dont il est le principal responsable depuis son entrée en politique, à près de 50 ans, en 1989 dans ce pays. Auteur en tant que premier ministre du président déclinant Houphouët de la répression sauvage des revendications du multipartisme dans les années 90-93, Alassane Ouattara, mû par l’ambition de devenir coûte que vaille président de la République de Côte d’Ivoire, a successivement inspiré et mis en œuvre les coups d’Etat de novembre 1993, décembre 1999(Coup d’Etat du père Noël), septembre 2000 (Complot du Cheval Blanc), janvier 2000 (Complot de la Mercedes Noire), septembre 2002 ( coup d’Etat mué en rébellion), mais aussi la guerre civile postélectorale de décembre 2010 à avril 2011 qui lui a permis de prendre l’effectivité du pouvoir et d’être adoubé par un conseil constitutionnel qui l’avait auparavant disqualifié solennellement à l’issue du second tour du scrutin de décembre 2010 face au président Laurent Gbagbo.

Il n’est pas non plus inutile de rappeler à votre gouverne que devenu président de la République effectivement en avril 2011, Alassane Ouattara a échoué à mener à bien la réconciliation qui était pourtant depuis lors la condition de tout véritable progrès socioéconomique et politique durable dans le pays.

Il a maintenu en prison et sans procès des milliers de partisans du régime Gbagbo ; il a contraint une bonne partie des cadres et leaders de l’ancien régime, dont Laurent Gbagbo lui-même à l’exil jusqu’à ce jour. Il a contraint à l’exil depuis le 23 décembre 2019, le président du mouvement GPS (l’une des 3 principales forces politiques du pays avec plus de 400 000 membres) Guillaume Kigbafori Soro. Et de nombreux autres cadres politiques ivoiriens ont connu un sort similaire depuis lors.

Ouattara a entièrement sapé les fondements de l’Etat de droit ivoirien en détruisant l’indépendance fragile du pouvoir judiciaire, ce qui a poussé dès 2015, le président du Conseil constitutionnel d’alors, le professeur agrégé de droit public Francis Wodié à démissionner de ses fonctions.

Ouattara a détruit l’indépendance du parlement ivoirien en gouvernant par ordonnance sur des questions qui ne relevaient pas de ses prérogatives et a fini par contraindre, au mépris de la loi, le président du parlement, Guillaume Kigbafori Soro, a démissionner de ses fonctions le 8 février 2019, au motif que celui-ci a refusé d’entériner la refondation d’un parti unique en Côte d’Ivoire, le RHDP unifié de Ouattara.

Au passage, Ouattara a jeté en prison, à tour de bras des députés et anciens ministres de la nation, au mépris de leurs immunités constitutionnelles ; des militants des droits de l’homme et des leaders de la société civile ; des intellectuels ; des internautes citoyens, des religieux, de nombreux militants et cadres des partis d’opposition GPS, PDCI-RDA et FPI.

Le procureur d’Abidjan, Richard Adou, s’est mué en bras armé des faux procès de Ouattara. Et le goulag du satrape venu de Sindou en a été fourni sans répit, en victimes innocentes, dont la plupart, tels les deux frères du leader de GPS Guillaume Kigbafori Soro, croupissent encore en prison sans le moindre motif.

Le crépuscule des libertés ivoiriennes est donc arrivé. L’ensemble des violations des libertés fondamentales que nous évoquons ci-dessus ont été, de façon exhaustive relatées dans les rapports des organisations compétentes que sont Amnesty International et Human Rights Watch. Je vous les mets en pièces jointes. Vous conviendrez avec nous que les quatre (4) défaites judiciaires subies par le régime Ouattara les 22 avril 2020, 15 juillet 2020, 15 septembre 2020, et 24 septembre 2020 dans diverses affaires l’opposant au président Guillaume Soro, à l’opposition ivoirienne en général et au président Laurent Gbagbo, devant la Cour Africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) à Arusha en Tanzanie, confirment que le gouvernement Ouattara, en rupture avec le droit international, au mépris total de l’article 123 de la constitution ivoirienne,

Comment ne pas toutefois s’alarmer de l’attitude incroyablement cynique et coupable des autorités de la CEDEAO, de l’Union Africaine, et notamment du ministre français des affaires étrangères et du président Emmanuel Macron ? Alors même que monsieur Ouattara a violé les principes électoraux du protocole de la CEDEAO sur les élections, le président ghanéen en exercice ghanéen de la CEDEAO, Nana Akufo Addo, croit bon de couvrir la violation de la limitation des mandats présidentiels en Côte d’Ivoire, alors même que l’article 66 de la constitution ghanéenne, analogue à l’article 55 de la constitution ivoirienne, ne souffre pour les ghanéens d’aucune ambiguïté.

Moussa Faki Mahamat, le président tchadien de la commission de l’Union Africaine, – sans doute habitué aux pratiques dictatoriales en vogue au Tchad- au mépris du protocole de l’UA sur les élections, la  démocratie et la gouvernance, s’est permis d’adouber le viol constitutionnel de Ouattara, tout en faisant fi de l’avertissement sans frais que lui adressait un excellent connaisseur de la politique ivoirienne, l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki, dans son courrier du 24 octobre 2020. 

Quant au ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, c’est sans la moindre vergogne qu’il s’est permis de prétendre sans le moindre argument qui vaille,  en répondant au journaliste Jean-Jacques Bourdin lors d’une récente émission radiotélévisée,  que le décès du candidat favori de Ouattara autorisait ce dernier à renier sa parole donnée ; que la révision constitutionnelle de 2016 offrait à Ouattara le droit de passer outre le principe de la limitation des mandats présidentiels pourtant écrit noir sur blanc à l’article 55 de ladite constitution.

Un scandaleux mépris du diplomate français pour l’intelligence et la souveraineté du peuple de Côte d’Ivoire, dans lequel le Président français Emmanuel Macron est venu s’engouffrer de manière honteuse et non sans lâcheté. En effet, divulgué à dessein par les services de la présidence ivoirienne d’un Ouattara aux abois, un courrier mi-officiel mi intimiste d’Emmanuel Macron se permet de féliciter l’autocrate pour sa prétendue réélection du 31 octobre 2020 et de célébrer ses vertus réconciliatrices supposées, au mépris des plus 100 ivoiriens assassinés depuis août 2020 par le despote déterminé à s’accrocher coûte que vaille au pouvoir d’Etat ! Quel sadisme, quelle indifférence, quelle condescendance teintés de racisme, de colonialisme et d’affairisme abjects ! Les Africains découvrent que les crimes des dictateurs africains choyés par les dirigeants français ne sont ni plus ni moins que des co-actions de crimes, au nom des intérêts sulfureux de la redoutable Françafrique, décidément ragaillardie par ces élites corrompues de France et d’Afrique, qui prospèrent contre la liberté, l’égalité et la fraternité réelles des peuples africains et français.

Cette correspondance scandaleuse, dans laquelle le Chef de l’Etat européen qui se proclame patrie des droits de l’Homme joue les flatteurs avec un dirigeant usurpateur, anticonstitutionnel, assassin de sang-froid et pervers avéré, le bien nommé Alassane Dramane Ouattara, a douché toutes les espérances que les jeunes populations africaines fondaient sur la jeunesse apparente d’Emmanuel Macron. Le locataire actuel de l’Elysée, qui aura ainsi définitivement perdu le vote des démocrates franco-africains ou afro-français, a du coup discrédité la France, au rang des facilitateurs de la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens en particulier, les Africains en général, seraient-ils des sous-hommes pour que leurs constitutions soient foulées aux pieds, les droits fondamentaux de leurs populations violés, et leurs légitimes attentes soient flouées en toute impunité, avec des massacres de masse en prime ?

Mesdames et Messieurs, Chers élus de France, Chers élus européens,

N’invoquez pas le principe de non-ingérence ! Il ne vaut pas pour un peuple en danger, qui plus est avec la complicité de l’exécutif français actuel. Devant la descente aux enfers des libertés fondamentales du peuple de Côte d’Ivoire qui se poursuit, vous ne pouvez rester indifférents sans vous faire complice du nouveau Rwanda 94 qui s’implante dans ce pays. Plus de 100 personnes ont été impunément assassinées depuis le mois d’août 2020 par les milices et les forces de l’ordre corrompues par le dictateur Ouattara ! Si rien n’est fait, l’apocalypse se poursuivra ! Nous en appelons donc :

A votre engagement moral et à votre solidarité active envers le peuple, la société civile et l’opposition ivoirienne, aujourd’hui martyrisés par le régime illégal et illégitime d’Alassane Dramane Ouattara
A votre engagement actif pour une transition politique réelle de la Côte d’Ivoire vers un Etat de droit et une démocratie réels, par le renouvellement consensuel, juste et transparent de l’ensemble des institutions politiques de ce pays
A votre implication politique aux côtés du peuple ivoirien en lutte , afin que les conditions suivantes soient remplies, ouvrant ainsi un véritable processus de paix durable en Côte d’Ivoire : la cessation de la terreur organisée par le régime Ouattara contre le peuple et l’opposition de Côte d’Ivoire ; la libération de tous les prisonniers politiques ; le retour de tous les exilés politiques, avec à leur tête notamment les présidents Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, et tous leurs partisans, ainsi que l’ensemble des cadres politiques de l’opposition ; l’audit des listes électorales ivoiriennes ; la dissolution de l’actuelle commission électorale ; la dissolution du conseil constitutionnel parjure ; le retrait pur et simple de monsieur Ouattara des fonctions usurpées de président de la République de Côte d’Ivoire ; l’ouverture d’une enquête indépendante afin que les milices d’Alassane Ouattara, coupable de l’assassinat de plus de 100 ivoiriens soient arrêtées, jugées et punies ; l’ouverture d’une véritable dialogue national inclusif devant permettre la transition vers l’organisation des vraies élections démocratiques, justes, transparentes et exemplaires auxquelles aspire la Côte d’Ivoire.

Et vous aurez ainsi participé, Mesdames et Messieurs, Honorables élus, à sauver une terre d’espérance africaine, qui ne se nomme pas par hasard « pays de l’Hospitalité », la Côte d’Ivoire aujourd’hui glissant au fond d’un gouffre insondable.

Recevez, Mesdames et Messieurs, mes remerciements anticipés pour les suites que vous voudrez bien réserver au présent Appel.

Fait à Rouen, le 17 novembre 2020

Professeur Franklin Nyamsi Wa Kamerun

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