LE BÉNIN : UNE DÉMOCRATIE EN DANGER, LIRE LA TRIBUNE DE L’HONORABLE DAKPE SOSSOU.

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*Bénin : une démocratie en danger*

La récente interpellation de l’activiste béninois Frère Hounvi a mis en lumière une dérive dangereuse pour notre démocratie : l’ingérence du pouvoir législatif dans les affaires judiciaires. Lors de la présentation de cet activiste au Procureur spécial de la CRIET, des députés de l’opposition, membres du parti Les Démocrates et aborés de leurs écharpes ont fait une apparition remarquée à la Cour. Ce geste, sous des apparences de soutien ou de solidarité, révèle en réalité une tentative d’intimidation vis-à-vis des magistrats chargés de rendre la justice.

Dans toute démocratie saine, la séparation des pouvoirs est un principe fondamental. Le pouvoir législatif, représenté par nos députés, a pour mission de légiférer, de contrôler l’action du gouvernement, et de représenter les citoyens. Quant au pouvoir judiciaire, son rôle est de dire le droit en toute indépendance. Lorsque ces deux pouvoirs empiètent sur les prérogatives l’un de l’autre, c’est l’équilibre même de notre système démocratique qui est menacé.

L’apparition des députés des Démocrates aux couleurs de la République à une Cour, où se jouait le sort d’un citoyen, est un acte lourd de sens. Ce n’est pas seulement un message adressé aux juges présents, mais aussi un signal alarmant envoyé à l’ensemble de la société béninoise. Un signal qui laisse entrevoir que, pour certains acteurs politiques, la justice pourrait devenir un instrument entre leurs mains. Cela crée un précédent dangereux où la justice n’est plus rendue en toute impartialité, mais influencée par des intérêts politiques.

Il est crucial de rappeler que l’indépendance de la justice est non seulement une garantie pour chaque citoyen, mais aussi un rempart contre la tyrannie et l’arbitraire. Un pouvoir judiciaire soumis aux pressions d’un autre pouvoir perd sa capacité à protéger les droits et les libertés des citoyens.

En tant que Béninois attachés à nos valeurs démocratiques, nous devons rester vigilants et dénoncer toutes les formes d’ingérence dans le fonctionnement de la justice. La démocratie ne peut prospérer que dans un cadre où chaque pouvoir respecte les limites de ses compétences, et où la justice demeure le dernier rempart contre les dérives du pouvoir.

Dakpè SOSSOU

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