POLEMIQUE DU GLYPHOSATE: LE MINISTRE JOSE TONATO ECLAIRE

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[:fr]Depuis quelques jours, il est dissipé dans l’opinion la nocivité du pesticide glyphosate dans la culture de certaines cultures. Pour rassurer les béninois, le Ministre José D. TONATO apporte quelques éclairages sur cette substance qui permet donc de lutter contre les herbes qui entravent les différentes cultures. Lisez plutôt

 

Chers collègues,

Je voudrais apporter quelques éclaircissements sur cette question sensible qui défraie la chronique : l’utilisation des pesticides en général, particulièrement la polémique créée autour du glyphosate.

Le « pesticide » est toute substance, matière ou micro-organisme destiné à contrôler, détruire, amoindrir, attirer ou repousser, directement ou indirectement, un organisme nuisible, nocif ou gênant pour l’être humain, la faune, la végétation, les récoltes ou les autres biens, ou destiné à servir de régulateur de croissance de la végétation, à l’exclusion d’un vaccin ou d’un médicament, sauf s’il est topique pour un usage externe sur les animaux.

L’état Béninois a interdit plusieurs pesticides et continue dans sa quête de donner un cadre de vie meilleur à ses concitoyens d’explorer les pistes en ce qui concerne les solutions de transition et des solutions durables.

Le glyphosate, pour revenir à l’actualité, est un herbicide total foliaire systémique, c’est-à-dire non sélectif, absorbé par les feuilles et à action généralisée. C’est une substance qui permet donc de lutter contre les herbes qui entravent les différentes cultures, elle est utilisée chez nous dans la culture du coton. Les avis sont divergents d’un scientifique à un autre en ce qui concerne sa dangerosité et l’OMS déclare qu’il est probable cancérigène.

C’est un débat qui doit être mené avec responsabilité, mais surtout, dans une perspective de développement durable, sans démagogie.

Le Ministère du cadre de vie et du Développement Durable, soucieux des effets probables mène une campagne de sensibilisation et d’encadrement de l’utilisation de cette substance à travers la convention de Rotterdam. Cette action nous a permis de réduire de plus de 60% (2016), et 75% (2017) les taux d’intoxication aux pesticides. Les résultats dans les centres de santé des communes de Savê, Bembérekè, Nikki, Banikoara, Péhunco, Kérou, Kouandé Natitingou, Gogounou, Tchaourou, Djidja, Kalalé Pérérè, etc. sont disponibles.

C’est aussi l’exemple de la commune de Tchaourou (source Médecin chef Dr FADONOUGBO C. Xavier), du village de Akéké (source chef de poste de GORO SAMON Charles), Papané (source le Chef CPS Marcellin H.G. BABA), etc. Plusieurs cas d’intoxication sont dus à l’utilisation de l’endosulfan que le Bénin a interdite et qui continue d’arriver frauduleusement sur notre territoire. Le lien direct avec le glyphosate n’est pas scientifiquement établi.

Mieux il a été mis en place une stratégie de réduction de la dépendance à l’égard des pesticides synthétiques et la promotion d’une agriculture plus résiliente au moyen d’une approche transitionnelle.

Je tiens à souligner que la viabilité d’une exploitation agricole dépend d’une multitude d’éléments, notamment : des recettes agricoles durables  ; un revenu équitable pour les producteurs agricoles  ; des écosystèmes équilibrés avec des terres saines, de l’eau propre et de l’air pur  ; la santé et le bien-être des producteurs qui tentent de subsister grâce à la terre ainsi que du dynamisme des collectivités rurales dont le développement économique et la préservation de la culture dépendent de l’agriculture.

Le MCVDD tient compte de tous ces éléments dans ses actions afin d’atteindre ses objectifs globaux qui visent à favoriser un secteur de l’agriculture qui soit durable, novateur, prospère, adaptable et concurrentiel, en concertation permanente avec le MAEP.

Outre cette démarche de veille environnementale, Le MCVDD a soumis en décembre 2016 cette préoccupation au Programme des nations Unies pour l’Environnement pour un projet de renforcement des capacités nationales sur la gestion des produits chimiques et leurs déchets au Bénin. L’objectif principal est d’améliorer les cadres législatif et institutionnel et définir les stratégies et outils de gestion des produits chimiques au Benin. Ce projet a été lancé par moi-même à l’Hotel Golden Tulip le 24 octobre 2017 et des résultats tangibles sont obtenus.

J’ai inscrit au Programme Environnement et Climat (PEC), le projet d’appui à la gestion durable de l’environnement dont une des actions phares est consacrée à la gestion rationnelle des produits chimiques. Plusieurs actions sont menées à l’endroit des cotonculteurs pour une gestion rationnelle de cette molécule.

Dans le but de s’inscrire dans la durée et avoir des données scientifiques qui jusque-là font défaut, laissant la voix ouverte aux spéculations de tout genre, le monde de la recherche a été saisi pour apprécier l’influence des pratiques phytosanitaires en milieu cotonnier sur l’agrosystème aquatique et la qualité sanitaire des poissons produits dans les retenues d’eau au nord Bénin (AquaTox-Benin).

Plusieurs chercheurs béninois participent à ce programme de recherche aux côtés de trois chercheurs belges : Patrick KESTEMONT de l’Université de NAMUR, Marie – Louise SCIPPO de la Faculté de Médecine Vétérinaire, Laboratoire d’Analyse des Denrées Alimentaires (LADA) de l’Université de Liège et Bruno SCHIFFERS de l’Unité Analyse, Qualité, Risque, Laboratoire de Phytopharmacie de l’Université de Liège (ULg).

Cette étude en cours nous a permis de :

1- Améliorer les capacités de contrôle/surveillance des contaminants et évaluer les risques sur les poissons ;

2- Améliorer les pratiques phytosanitaires en termes environnementaux ainsi que la sécurité sanitaire et alimentaire des populations du bassin cotonnier du Nord Bénin en préservant et valorisant une ressource alimentaire locale ;

3- Contribuer à la disponibilité des produits halieutiques locaux et répondant aux normes de qualité sanitaire, afin de réduire la consommation de poissons congelés, généralement importés et mal conservés.

D’autres études sont en cours qui nous permettront dans de réduire progressivement puis d’interdire les produits qui vont se révéler persistant dans l’environnement, toxiques / cancérigènes pour l’homme.

Néanmoins, il est essentiel de reconnaître que la surdépendance à l’égard des pesticides synthétiques peut entraver les progrès potentiels dans l’atteinte des objectifs fort louables du PAG. Heureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui.

Pour respecter cet engagement de préservation de notre cadre de vie, il est essentiel que le secteur de l’agriculture béninoise effectue une transition vers une production qui utilise moins de pesticides synthétiques grâce à des mesures qui incitent à l’adoption de pratiques de gestion bénéfique favorisant la régénération des sols, le stock de carbone approprié dans nos sols, de faibles bilans d’énergie grise, la santé des pollinisateurs et la conservation de l’eau.

La composante « développement de la production agricole » du PAG s’inscrit dans cette dynamique de réformes que conduit le MAEP, en concertation avec le MCVDD et d’autres secteurs stratégiques.

Ce défi est déjà à la portée du PEC/MCVDD. Mobilisons-nous autour de la DGEC pour le concrétiser.

 

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